bulletin n° 3 ** oct. 2009 ** fondateur : Philippe Moisand
Philippe Moisand
Dans son commentaire (1) plutôt élogieux sur les deux premiers bulletins, Jean-Pierre Levrey nous faisait part de son étonnement d’y voir figurer un article sur l’Andalousie. Cette remarque me donne l’occasion de rappeler à nos lecteurs (qui sont aussi des contributeurs potentiels) ce que le Chardenois devrait être à mon sens.
Celui-ci ne devrait pas uniquement répertorier les naissances, mariages et autres évènements marquants de la vie familiale, sans pour autant les négliger (voir en ce sens le bulletin n° 2 et ce présent bulletin). Mais ce qui touche, de près ou de loin, la famille, son histoire, celle de Longchamp et de la Faïencerie devrait aussi bien entendu faire partie du rédactionnel.
A ce propos, nous accueillons avec un très grand plaisir la première contribution d’un non fondateur, en la personne d’Hélène Levrey/Hadden qui a retrouvé de nombreuses traces de la production longchampoise (on disait autrefois longchamptaise) aux Etats-Unis où elle vit actuellement. Un grand bravo et un grand merci à elle de s’être jetée à l’eau. Puisse-t-elle susciter d’autres vocations. Par ailleurs, j’attends le petit mot que Marité (Mamité pour sa descendance) m’a promis sur l’histoire du piano d’Hélène : il a, parait-il, beaucoup à raconter.
Mais rien n’interdit de s’aventurer plus loin de nos racines. J’espère ainsi qu’au travers des sujets choisis, de la façon de les aborder, du ton de l’auteur, on perçoive son caractère, sa personnalité, ses fantasmes (pourquoi pas) et on apprenne à mieux se connaître. A cet égard, mon petit mot sur l’Andalousie n’avait pas pour objet de vous faire un compte rendu exhaustif de mes pérégrinations ibériques, mais plutôt de vous faire partager le plaisir de mes découvertes un peu insolites et de vous inciter à en profiter si d’aventure vous passez par là.
Vous trouverez d’ailleurs dans ce numéro la première partie d’un document tout à fait inattendu qui nous a été communiqué par un ancien élève, très éphémère, du collège Mont-Roland (où il a croisé Yves Moisand), puis de ce qui était alors le Centre d’Apprentissage de Longchamp (aujourd’hui Lycée des métiers de la Céramique Henry Moisand), parcours assez atypique dont il s’explique avec humour. Il nous a paru intéressant de le publier, car il fait revivre les années d’après-guerre à Longchamp. La deuxième partie, où plusieurs personnes de la famille sont évoquées, sera publiée dans le prochain bulletin
Quoiqu’il en soit, ce bulletin sera aussi et surtout ce que vous voudrez bien en faire. Adressez-nous vos contributions et nous serons tout heureux de les publier quelqu’en soit la forme et quelqu’en soit le fond.
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(1) vous n’avez pas pu lire ce commentaire, car JP Levrey me l’a envoyé par mail plutôt que l’insérer directement dans le blog comme beaucoup d’entre vous l’ont déjà fait.
Philippe Moisand
Le compte à rebours a maintenant commencé, puisqu’il nous reste maintenant moins d’un an avant la date projetée pour ce rassemblement (septembre 2010). Mais n’allons pas trop vite en besogne. Il convient déjà de valider le principe, puis de proposer une date précise, ensuite de définir les grandes lignes du programme des festivités et enfin de répartir les rôles entre les volontaires.
Ce travail sera l’œuvre du comité d’organisation, actuellement composé de Mamie Martin, Guy Moisand, Marie-Hélène Duffour/Froissart, Annie Bernard/Andrier, Daniel Moisand et de la branche Robert, ainsi bien entendu que de tous ceux qui voudront bien prêter leur concours. Une première réunion aura lieu autour de la Toussaint dont nous vous communiquerons les résultats très rapidement pour que vous puissiez prendre vos dispositions.
C’est un vrai défi que de mener ce projet à bien, et nous avons besoin de votre soutien pour y parvenir. Merci donc à vous tous de nous apporter vos encouragements, mais aussi vos idées et pourquoi pas votre participation active à l’organisation.
Gaëtan Moisand
Elle signait «Ellen »…
Elle…, c’est bien sûr Bonne-Maman, la Reine,… A l’état-civil, Hélène Moisand née Charbonnier.
Ellen, c’était le nom d’artiste avec lequel elle signait les aquarelles qu’elle aimait tant peindre. Jusqu’à une date très récente, je croyais d’ailleurs que l’œuvre artistique d’Ellen se limitait à ce genre (l’aquarelle) ; je n’avais jamais pensé qu’elle avait également créé des œuvres originales en faïence, même si je connaissais ses dons pour remettre à l’honneur de vieux services de Longchamp ou en créer de nouveaux.
J’ai eu la chance récemment d’acquérir deux vases originaux signés « Ellen » qui semblent être tous deux de la même période. J’ai cru dans un premier temps qu’au moins l’un d’entre eux était d’inspiration africaine. La divulgation de l’art africain s’est développée, je crois, avec les 1eres communications des travaux d’ethnographes dans l’entre-deux-guerres et plus encore avec le retentissement de l’expo coloniale de 1936 : je pensais donc que Bonne-Maman avait réalisé ces œuvres à la fin des années 30. Mamie Martin à qui j’ai envoyé les photos reproduites ici m’a remis sur le bon chemin, l’échange de mails entre elle et moi, qui remonte à juste un an, est très clair à ce sujet :
De :Gaëtan Moisand A : Mamie-Martin Envoyé : 30 septembre 2008 Objet : Ellen
Voici comme promis les photos des « vases » signés Ellen que j’ai achetés. Pas mal, non ? Je suis très heureux car je ne connaissais pas cette facette du talent de Bonne Maman, je n’avais jamais vu rien de semblable la concernant et personne ne m’avait dit qu’elle avait réalisé des œuvres originales genre art nouveau 1930, tendance expo colonial pour le 1er.
De : Mamie-Martin A : Gaëtan Moisand Envoyé : 1er octobre 2008 Objet : RE Ellen
J’ai été très émue en revoyant ces vases « égéens » ainsi dénommés par Maman. C’est pour moi tant de souvenirs de jeunesse. Je la vois encore dessinant ces vases en tirant la langue, comme lorsqu’elle se concentrait. La réalisation de ces pièces était très longue et difficile à faire. C’était, je crois dans les années 48 ou 50.
Vases « égéens », donc vases d’inspiration grecque. On est loin de l’Afrique, et pourtant je ne peux m’empêcher de penser qu’Ellen a pu être inconsciemment sous double influence, l’africaine venant se superposer à la grecque.
En ouvrant le premier album ci-dessous et en regardant ces deux vases égéens sous différents angles , vous pourrez apprécier les très grandes qualités créatives d’Ellen . Elle tirait la langue, mais c’était pour la bonne cause !
Le deuxième album met en valeur deux aquarelles signées toutes deux « Ellen » et une troisième signée H/Moisand. Les deux premières, qu’on peut voir encore aujourd’hui à la Villa, j’ai le sentiment de les connaître depuis toujours et bien qu’elles me soient familières, les photographier pour cet album m’a donné l’impression de les redécouvrir. La première, l’aquarelle des barques représente me semble-t-il un paysage italien. Sur la seconde datée du 20 juillet 1944 (?), un très beau voilier à la voilure ancienne vogue paisiblement sur un lac qui sans aucun doute est le lac Léman, lac mythique de la famille Moisand. La 3ème aquarelle est en possession de Marie-France Duffour Lucet : elle représente l’église de Couilly-Pont-Aux-Dames en Seine-et-Marne, peinte par Ellen depuis le jardin de la propriété de Henry Moisand, frère aîné de Gaëtan.
Pour finir, voici la reproduction d’une petite aquarelle d’Ellen représentant une autre église que celle de Couilly. La première personne qui donne le nom du village où se situe cette église aura droit à une citation honorifique dans le prochain bulletin ! Je précise pour faciliter les recherches que ce village se situe dans le Chablais, ce qui donne, j’en conviens, un avantage incontestable aux membres de la famille qui ont fréquenté plus que d’autres cette belle région.
Je forme le voeu que cet article ait des suites : je suis en effet persuadé que plusieurs lecteurs auront à coeur de transmettre ce qu’ils savent des dons artistiques de Bonne-Maman en général ou de telle ou telle œuvre en particulier. Et je les encourage vivement à le faire ! Je ne nomme personne, mais vous, cher lecteur, vous pensez nécessairement à une ou deux personnes plus aptes que quiconque à nous transmettre leurs connaissances à ce sujet !
Autre message, pour tous celui-là : la transmission de photos d’œuvres signés Ellen en votre possession serait également une excellente chose ! Nous pourrions ainsi les présenter dans le bulletin à venir, comme nous le faisons aujourd’hui pour l’aquarelle de l’église de Couilly dont Marie-France Duffour Lucet nous a obligeamment envoyé la reproduction.
Hélène Hadden
Lors de mon dernier passage en France, j’ai découvert le journal « le Chardenois ». J’ai tenu à féliciter ses créateurs pour la qualité de leur « travail ». Eblouis sans doute d’avoir des lecteurs de l’autre côté de l’Atlantique (!), ils m’ont demandé si je voulais écrire pour le journal. Je réponds aujourd’hui à leur demande et vous envoie la preuve que les Faïenceries de Longchamp ont rayonné et rayonnent encore jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique.
Mais d’abord qui suis-je, puisque certains sans doute ne me connaissent pas ? Je suis la fille d’Aleth Duffour Levrey et vis actuellement aux Etats-Unis avec mon mari Richard et notre fils Julien âgé de 7 ans. Apres trois années un peu difficiles du fait de l’ouragan Katrina, nous avons enfin pu quitter le Mississippi et sommes installés à Bethesda dans le Maryland (Nord de Washington).
A plusieurs reprises, j’ai trouvé de la faïence de Longchamp sur le sol américain. La première fois dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans, sur Royal Street, la rue des antiquaires. J’avais d’abord été attirée par une magnifique barbotine présentée dans la vitrine puis j’ai découvert à l’intérieur un mur entier de barbotines de Longchamp!!!
La deuxième fois, ce fut encore plus surprenant. Après Katrina, nous avons habité quelques mois une petite maison un peu éloignée de la côte. Notre voisine, âgée de 85 ans, autrefois pharmacienne de la petite ville que nous habitions était d’une gentillesse rare…et plaisait beaucoup à mon fils. Comme tout le monde, elle avait perdu sa maison. Lors d’un de mes passages chez elle, j’ai enfin osé retourner la soupière qui trônait sur la table!!!! C’était bien une faïence de Longchamp… et elle avait tout le service… qui avait été épargné par l’ouragan ! Sa fille lui avait acheté il y a 50 ans lors d’un voyage en France.
Notre arrivée dans le Maryland m’a fait découvrir un style de vie bien différent de celui du Sud ! Ici, les accents se côtoient et les Cub Scout of America (un cub est un ourson, les Cub Scout pourraient correspondre aux louveteaux francais) prennent une dimension internationale ! Julien se rend aux réunions accompagné de son ami champenois et de ses deux copains péruviens. Mais, la chose la plus frappante est l’omniprésence des Français Cette communauté se rassemble en grande partie autour de sa paroisse, Saint Louis de France, menée de main de maître par le Père Antoine de Romanet….. un ami d’Olivier Trouard Riolle (fils de Mado et Jean Francois, cousins de la famille).
En deux mois, j’ai retrouvé, sans vraiment la chercher, la piste des faïences de Longchamp. Dans un « mall » luxueux des environs (petit centre commercial), je m’approche un jour d’un magasin dont la vocation est de vendre des articles destinés à reproduire un intérieur typiquement français. Mon regard est alors attiré par le profil d’un petit bonhomme sur une assiette qui a bercé l’enfance de chacun d’entre nous et qui est maintenant l’emblème du « Chardenois ». Je découvre alors un service qui n’est autre que le fameux Moustiers (jaune et vert) que beaucoup d’entre nous ont choisi.
(photo prise dans le magasin comme la photo de titre)
Puis de nouveau, lors de la kermesse de la paroisse (vous pouvez noter l’efficacité du Père à enrôler les nouveaux…), j’ai eu l’occasion d’évoquer Longchamp. Alors, que d’un geste probablement hérité de la famille Moisand, je retournais une assiette de la brocante pour en connaitre la provenance, une dame m’a abordée. Au fil de la conversation, elle m’a confié sa grande admiration pour les faïences de Longchamp qu’elle vendait autrefois chez Neiman Marcus, le magasin de luxe aux USA !.. Elle avait chez elle plusieurs assiettes du service Pompadour.
Se retrouver ainsi face aux créations de sa propre famille alors qu’on vit au loin, à l’étranger, je dois dire que çà procure un sentiment de grande admiration pour le succès qu’ont connu les Faïenceries de Longchamp. S’y ajoute bien sûr une pointe de nostalgie parce que cet âge d’or est maintenant définitivement révolu.
Néanmoins, les faïences de Longchamp restent certainement le lien le plus indiscutable d’une grande famille dont les membres dispersés ne se connaissent pas tous !
Julien a été désigné Roi du Mardi Gras de son écoleCe fut également la participation a une tradition très américaine, celle des Musical Show (ici Willie Tonka), la fête préférée des enfants américains, Halloween. Moi en Soccer Mum…Julien préferant cueillir des fleurs aux petites filles plutôt que de taper dans le ballon. Les plages de Floride, à ne pas manquer pour celui qui voyage dans le Sud des USA. Nous somme arrivés juste à temps pour finir l’année scolaire en France et participer a la fête de l’école. Un petit tour par un cloître du Beaujolais avec son cousin Francois.
Babeth Gresset (avec l’aide de Céline et de Jacques Gresset)
Longchamp, les 12-14 juillet 2009 :
Mariage de Céline GRESSET (fille de Babeth Moisand – branche Robert - et de Jacques Gresset) et de Jean-Charles PERSICO (originaire de Montbéliard)
Ils ont dit oui la veille à Arbois, lieu de leur résidence. Ce oui fut ensuite largement arrosé par les quelques 200 invités au Domaine de la PINTE situé en plein milieu des vignobles arboisiens avec vue immense des côteaux du Jura jusqu’à la Bourgogne. Au soleil couchant par une douce soirée d’été, avec les produits d’un excellent traiteur de Pupillin, les vins du lieu et la musique d’un remarquable orchestre nouvelle orléans, ce moment ne pouvait être qu’exceptionnel et il le fut. La mariée était belle et radieuse et le sourire du bonheur était sur les lèvres de Céline et Jean-Charles.
Le lendemain à Longchamp, les amis proches et les familles ont poursuivi la fête qui fut belle, chaleureuse et animée.L’apéritif servi sur la pelouse permit à chacun de se retrouver, flûte à la main, avant le repas servi à l’ombre sous la tente. Le pianiste et le trompettiste assurent la musique de fond en attendant les discours.
Contrairement à la tradition, la première à s’exprimer fut la mariée. Avec brio, charme, humour et sans notes, elle s’est dit particulièrement bien entourée en ces jours de fête, remerciant chaque invité de contribuer, par sa présence, à rendre ces journées inoubliables. Ceux qui avaient participé à l’organisation de l’évènement se sont vus cités personnellement et leur prestation a été saluée.Puis, elle a décliné les qualités de son mari : « beau, sensible, drôle, intelligent, délicat, la plupart du temps attentionné – et, ça, messieurs, c’est une vraie qualité - » et a fait part de ces petites déceptions : « ah, bricoleur, ç’aurait été bien. C’est tellement pratique un homme qui bricole – Chéri, tu voudrais m’accrocher ce cadre ? – Bien sûr, mon amour – Et si on refaisait la pièce du haut ? C’est comme si c’était fait - Cà, c’est du rêve pour moi. » Enfin, elle a invité chacun à lui donner des conseils pour affronter le quotidien de la vie de couple.
Babeth s’exprime à son tour, évoquant la lignée des Moisand-Charbonnier, la tradition familiale et les valeurs spirituelles transmises et laissées en héritage par les parents, grands-parents, et arrière grands-parents qui ont imprégné ce lieu : Longchamp. L’Espérance, une des trois vertus théologales inscrites par Robert Charbonnier au fronton de l’école du village, espérance d’un monde meilleur, malgré les bouleversements actuels. « C’est l’Amour qui aura le dernier mot » a dit un jour le curé de Longchamp dans l’un de ses sermons.
Et au dessert, Jacques souhaite de longues années de bonheur aux mariés et la bienvenue à la nouvelle famille. Il relève les grands traits de caractère de sa fille à travers quelques moments marquants piqués au détour des années écoulées.Il conclut en souhaitant que chacun aujourd’hui se régale sans limite du plaisir d’être ensemble. La soirée s’est terminée avec un buffet dansant, feux d’artifice tirés par les petits enfants et un lâcher de montgolfière dont l’envol a été signalé dans le journal local, le Bien Public, et sur FR3 le lendemain dans la rubrique « une boule de feu dans le ciel bourguignon ».(voir l’article ci-dessous qui traite en détail de ce sujet …brûlant).
Une fois de plus, on a pu vérifier que Longchamp répond magnifiquement à l’organisation de ce type de fête.
Un OVNI dans le ciel de Longchamp ?
Philippe Moisand
Vers la mi-juillet, les média locaux (FR3 Bourgogne, Le Bien Public) sont entrés en effervescence suite à l’apparition, dans le ciel de Longchamp, d’une étrange boule de feu. Le phénomène fut observé par un Longchampois qui prit le temps d’alerter ses voisins et de filmer deux séquences de 3 minutes chacune.
Adepte du parapente, l’intéressé estimait avoir suffisamment d’expérience pour évaluer le diamètre de l’engin à 15 à 20 mètres, situer son altitude à 3 000 à 4 000 mètres et conclure qu’il devait s’agir d’un météorite. Cette hypothèse fut rapidement écartée par le journaliste du Bien Public dépêché sur place par sa rédaction, en raison de la durée de vie très brève de ce type de phénomène.
Mais celui-ci ne lâcha pas prise pour autant. Il entreprit de consulter la gendarmerie, la brigade de police aéronautique de Bourgogne et les militaires de la base de Longvic. Chou blanc ! Personne n’avait observé le phénomène et aucune explication logique n’a pu lui être fournie.
Quelques jours plus tard, le même journaliste pensait avoir résolu l’énigme après avoir reçu le témoignage d’un couple de jeunes mariés de Longecourt qui l’informait du lancement, le soir du mariage, de sept petites montgolfières. L’examen attentif du film du vidéaste longchampois permettait de valider cette information, dans la mesure où il faisait clairement apparaître une nacelle avec un feu en son centre et l’enveloppe du ballon.
Une bonne partie du chemin avait été parcourue qui autorisa le journaliste à conclure qu’il convenait « d’enterrer définitivement toute intrusion extraterrestre ». Soupir de soulagement des lecteurs longchampois. Mais il y avait un mais. Le lancement annoncé avait été effectué le samedi tandis que le phénomène avait été observé le dimanche. Pouvait-on raisonnablement admettre qu’il ait fallu 24 heures à l’engin pour parcourir la courte distance qui sépare Longecourt de Longchamp et, surtout, qu’il soit encore en vie le dimanche soir ?
Conclusion hâtive donc ? Que nenni. Il s’agissait bien d’une montgolfière (1), lancée le dimanche soir dans le jardin de la villa à l’occasion du mariage de Céline Gresset. Mais personne n’a eu l’idée de venir nous interroger. Il est vrai que notre séjour sur place fut de courte durée et que nous nous sommes éclipsés subrepticement une fois notre forfait commis. J’ai depuis informé le Bien Public qui m’a remercié et félicité pour ma perspicacité!!!.
Pour la petite histoire, le diamètre de l’engin utilisé est d’environ 1,20 mètre et son altitude de croisière ne doit pas dépasser les 1 000 mètres !
Beaucoup de bruit pour rien donc et ce n’est pas encore demain que les petits hommes verts débarqueront à Longchamp.
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(1) il s’agit plus précisément d’une petite montgolfière, en papier rouge et blanc, dont Jacques Gresset est le grand spécialiste (il les achète en Suisse, dit la rumeur, et en a déjà fait « partir » plus d’une centaine !), gonflée à la cire de bougie contenue dans une petite gamelle située sous la montgolfière et que l’on enflamme au moyen d’allumettes qui font office de mèches.
Du Collège ND de Mont-Roland de Dole au Centre d’Apprentissage de la Céramique de Longchamp
(1er octobre 1945-13 juillet 1950)
Jean-Marie Dutemple, ancien élève du Collège et du Centre
1ère partie : l’échec (1er octobre 1945 – 15 octobre 1947)
Voici une partie de mon existence qu’il m’a souvent été donné de raconter, mais par bribes, si bien que personne parmi mes enfants n’en connaît l’essentiel. Précisément ces trois années méritent ce qualificatif quant à leur place dans mon existence. J’ai même été jusqu’à dire, et le maintiens, que ce furent les plus belles des vingt premières de ma vie…
Pourquoi « Longchamp » ? Et après quoi ? …
Notre Père avait pour moi des projets d’études d’un bon niveau et, se basant sur le seul exemple d’éducation de garçon en sa possession, c’est à dire le sien, envisagea de me faire suivre des études secondaires. Ce fut une erreur : mes primaires n’avaient pas été reluisantes car elles se déroulèrent durant la Guerre avec son cortège de perturbations, de restrictions et d’incertitudes de toutes natures… Ce fut une erreur et ce fut un échec pour diverses raisons, la première vient d’être évoquée, j’ajouterai simplement : quelles étaient les autres possibilités de 1′époque ? Et ce, sans y apporter de réponse… sauf à reconnaître que j’étais davantage un « manuel » et un tantinet obtus.
Conscient de mes lacunes, ce brave Papa consacra la plus grande partie de ses vacances d’été à me préparer à la rentrée en m’initiant au Latin : « Rosa, la rose » etc… Latin ?… je dois dire que c’était pour moi apparenté à de 1’hébreu, aussi mon pauvre géniteur ne savait plus à quel saint se vouer, fut-il un saint martyr, pour faire comprendre à ma petite cervelle ces principes pourtant évidents ! Néanmoins, muni de ces bases indiscutables, je promis de déployer tous mes efforts en vue de ces Etudes de « haut niveau » et je tins parole.
C’est ainsi qu’au 1er octobre 1945 je faisais une entrée discrète au Collège Notre Dame de Mont-Roland à Dole dans le Jura, cité distante d’une soixantaine de kilomètres de Dijon où nous résidions. Cet honorable établissement était tenu par des Pères Jésuites et pouvait se targuer de former des têtes bien pleines et bien faites selon des méthodes ayant fait leur preuve depuis des générations. Hormis un emploi du temps remarquable par sa consistance et sa précision, nous recevions à la rentrée un carnet prévoyant pour chaque jour et chaque heure de l’année, notre emploi du temps et ce, pour les classes de la septième aux classes supérieures, c‘était tout simplement génial, diriez vous aujourd’hui !
Outre ces éphémérides donc, et la qualité de l’enseignement dispensé, la caractéristique principale était la discipline. Une discipline contraignante et de tous les instants ; depuis le lever jusqu’à notre coucher, nous nous déplacions en rangs et en silence ; silence dans les rangs, silence durant les Offices, silence en classe évidemment, silence au réfectoire pendant la majeure partie des repas pendant lesquels des lectures édifiantes nous étaient faites par l’un d’entre nous, silence en rang jusqu’à la cour de récréation où là, enfin, nous pouvions nous libérer pour quelques instants.
Ce long préambule n’a d’autre objet que de planter le décor afin que, dans quelques lignes, vous compreniez mieux pourquoi ma découverte de « Longchamp », deux ans plus tard, fut pour moi comme un mirage, un inattendu oasis de verdure, une bouffée d’oxygène.
Nous voici donc au lendemain de la rentrée : on me fait passer quelques épreuves pour juger de mon niveau et patatras ! Dépaysement, émotion ou malchance ? Ce fut la Bérézina. Le pauvre Jean-Marie se retrouve en 7ème à l’âge de presque douze ans ! Ce sera sans doute un tournant de mon existence. Evidemment bien des années plus tard j’analyserai la situation et ses conséquences. Sur le moment j’ai le souvenir d’une vague déception (vexation ?) supplantée par l’angoisse qui m’étreignait dans ce milieu hostile et impressionnant mais surmontée par mon envie de bien faire à la suite mon engagement moral… Cette promesse fut d’autant plus aisée à tenir que, rapidement, notre unique Professeur se rendit compte de mon avance sur mes petits camarades de cours. Ceci ne m’était pas désagréable du tout; pour la première fois de ma jeune existence j’éprouvais l’indicible plaisir de répondre le premier, et correctement, aux questions orales.. Cela vous est il arrivé d’être le leader de la classe ? Pour moi c’était tout simplement nouveau, inespéré et grisant !
Que l’on se rassure, la griserie fut de courte durée ; notre magister, un des rares civils du Collège, se rendant compte de mon réel niveau, peut-être même le gênai-je vis à vis des autres élèves ? , attira l’attention du Préfet des Etudes sur mon cas. Ainsi, après quinze jours d’un démarrage prometteur, l’on me fit « monter » en 6ème et c’est là que les Athéniens s’éteignirent ! Imaginez Jean Marie, de petite taille et timide de surcroît, arrivant un beau matin au milieu d’ un cours, parmi des camarades inconnus, partageant eux des matières identiques depuis plus de deux semaines, ayant déjà découvert le nouveau programme et plus particulièrement le Latin et 1′Anglais… « Tenez, voici un nouvel élève, je vous le confie… ». Une ou deux places étaient libres… au fond… Avec ma vue déficiente… Quel gâchis !
Un des rares bonheurs, de peu de temps, fut de percevoir de nouveaux livres, latin et anglais particulièrement. Le, les Professeurs n’en avaient sans doute rien à battre du petit «binoclard du fond » ayant bien du mal à comprendre ce qui s’était dit depuis quinze jours. Il est plus normal pour un Maître, a fortiori si lui même est excellent, de s’intéresser à l’avancement de 1’élite de la classe, la course aux Prix de fin d’année étant une priorité pour elle et surtout pour lui… Voici, je pense, comment l’on peut infléchir le cours d’une existence.
La suite, vous l’imaginez aisément… un jeune garçon poursuivi par des études, dans un cadre austère où tout lui était hostile, ou presque, éloigné de sa famille, baignant dans une atmosphère religieuse excessive, des camarades plutôt brillants, issus de familles en vue ( les noms à particule n’étant pas rares) mais je restais toujours admiratif, voire envieux et nullement jaloux, de tant de réussites couronnées par des prix d’excellence ! Progressivement j’étais devenu le vilain «petit canard » dont personne n’est fier et lui encore moins… Des moments heureux, j’en ai connu, des moins bons aussi, des aventures également comme le soir où j’ai fait le mur, pris le train et suis rentré nuitamment chez mes Parents… Cela fera 1 ‘objet d’un récit plus complet, une prochaine fois …
Pour l’heure je pense que vous avez compris dans quel état d’esprit je me trouvais en juillet 1947 lorsque mes Parents m’ont «retiré » du Collège et posé la question : «Quel Métier veux-tu faire Jean Marie ? »
Mes pauvres Parents, déçus d’avoir misé sur le «mauvais cheval », toute honte bue, en étaient à me poser cette question : qu’aimerais-tu faire comme métier ? Bonne question sans doute mais bien embarrassante pour l’intéressé qui n’en avait aucune idée ! J’étais debout, eux assis, prenant leur café, moi sans doute les mains derrière le dos, quand «eurêka » (oui, j’avais fait un peu de grec en cinquième…) mes yeux se sont portés sur 1′interrupteur, situé par bonheur dans mon champ de vision,…. je serai Electricien. Effectivement il m’était arrivé d’en dépanner si bien que je me voyais embrasser une carrière dans ce noble métier, lequel n’avait nul besoin d’être revalorisé à cette époque de plein emploi à venir.
«Que nenni ! Certes c’est une profession respectable, mais ta Mère et moi, avons pensé que tu méritais mieux. Que penses-tu du métier de cuisinier ? Nous nous sommes renseignés, il y a un Lycée hôtelier à Thonon les Bains » … (Cà y est, voilà que ça recommence ! Pensai-je en moi même…). La chance me sourit en ce sens que portant lunettes (ces petites montures rondes dont les branches vous meurtrissaient les oreilles et vous les ramenaient vers l’avant !) je ne pouvais prétendre soulever le couvercle des marmites sans encourir un opaque brouillard préjudiciable à la bonne suite des événements gastronomiques… Tu ne seras pas Cuisinier mon Fils !
Quelques semaines après, nouveau «Conseil de Famille » dans un cadre identique, y compris les intervenants. Cette fois il n’est plus question de s’inquiéter de mes éventuels souhaits mais de me faire connaître 1′existence d’un Centre d ‘Apprentissage de la Céramique, récemment créé et situé à Longchamp… Rendez-vous est déjà pris avec le Directeur, tel jour, vers seize heures ; c’est même monsieur Parât, ancien collègue de mon Père, qui nous véhiculera avec sa Simca 5 : petite voiture d’avant guerre, deux plus deux places, trois chevaux, bienvenue pour loger nos quatre personnes pour trois quarts d’heure de route. Avec un chapeau et sa grande taille, Monsieur Parât conduisait voûté et la tête au niveau du volant !
C’est donc à un train de sénateur que nous arrivâmes à Longchamp et fîmes la découverte du «Château » (à cette époque disions nous «1′Abbaye »? ) et surtout du Directeur du Centre, Monsieur André Kayser, homme de forte corpulence, affable mais bien présent, avec un accent alsacien en harmonie avec son patronyme. Il nous accorda un entretien assez long évoquant les disciplines dispensées dans l’Etablissement, toutes en étroite relation avec la Faïence, unique matière abordée. L’enseignement pratique était donné «sur le tas », dans les Ateliers, par les Ouvriers eux- mêmes, qui faisaient office de Maîtres d’apprentissage. Ceux-ci, bien sûr, étaient les meilleurs qui soient, mais ils n’avaient reçu aucune formation pédagogique, ainsi certains avaient-ils des difficultés à faire passer le message aux lascars que nous étions…Monsieur le Directeur s’intéressa entre autres à mes récentes et courtes études secondaires et m’interrogea sur la déclinaison de «Rosa, la rose» …Puisant dans ma mémoire ce fut un sans faute, peut-être pour la première fois ! Pas de chance, il n’y avait pas de note à la clé !
Le retour s’effectua sinon dans l’allégresse au moins avec sérénité. Mes Parents semblaient soulagés, le Centre leur convenait, la description des études leur paraissait satisfaisante et, toujours prudent je n’étais pas loin de partager leur sentiment… Tu seras un Homme, mon Fils…
Avec recul, j’affirme que je passai là les meilleures années de mon existence scolaire! Le cadre de Vie du Centre de Longchamp me permit de me réaliser moralement et physiquement.
Vous retrouverez la 2ème partie du récit de Jean-Marie Dutemple dans notre prochain bulletin
C’est avec grand plaisir que j’ai lu le bulletin numéro 3
Merci à Gaëtan de nous faire partager la découverte de ces magnifiques vases égéens et à Babette de nous offrir quelques belles images du mariage de Céline.
Sur l’aquarelle de l’église : je pense qu’il s’agit de celle de Neuvecelle, petite commune qui jouxte Evian et où nous allions parfois à la messe en famille lors des séjours à La Beunaz (maman – Christiane Moisand – aimait bien cette église et nous faisions souvent le détour pour passer devant en descendant à Evian) ; vous pouvez voir la photo sur le site des clochers de France : http://clochers.org/Fichiers_HTML/Photos_clochers/74/c74200_02.htm. L’église a été restaurée et la croix érigée au sommet du clocher est différente.
J’ai été émue par le récit d’Hélène sur ses découvertes outre Atlantique de nos chères faïences . J’ignorais que j’avais une cousine prénommée Hélène : y an a-t-il d’autres dans la descendance ? C’est le deuxième prénom de notre dernière fille Juliette .
j’attends avec impatience la suite du feuilleton de Jean-Marie Dutemple
A propos de la cousinade septembre 2010 : c’est une excellente idée…
Je veux apporter une modeste contribution à la préparation si nécessaire.
Il ne faudra pas oublier de prévoir quelques Montglofières, histoire de faire parler les gens et le Bien Public sur les OVNI.
A propos du programme : ce serait bien de trouver les moyens de présenter les jeunes générations et de faire connaissance
Pour ce faire, deux idées possibles :
– chaque branche pourrait faire un panneau présentant au moins son arbre généalogique avec photos
– une animation collective visant à faire connaissance et à rapprocher ceux qui ont des intérêts communs
Un petit détail sur le formulaire « commentaires » : j’ai eu du mal à le retrouver, car il n’apparait pas en bas du bulletin numéro 3 quand on clique sur le lien http://moisand.unblog.fr/
Par contre il apparait sur le bulletin numéro 1, ou si, depuis cette page, on clique sur lien bulletin 2 ou 3.
Le site http://perso.orange.fr/landagnes est celui du gîte dont nous nous occupons, Denis et moi, depuis plus de 30 ans. Nous accueillerons avec plaisir les descendants Moisand (y compris ceux que je ne connais pas) qui passent dans la région.
Si Philippe ne l’avait pas fait…Bravo à toi qui, en bonne (vieille) locomotive du train Moisand, dont on ne voit plus la voiture de queue,as su retendre une toile entre tous ses wagons…ce « web » aura la vie dure, j’en suis sûr
car, comme l’a souligné une futée petite cousine Gresset, un simple blog « Moisand » provoque en nous une mega-excitation ! J’en profite pour dire à Daniel que dans le numero 4, on verrait bien quelques photos du 90ème anniversaire de tante Yvonne et on lirait volontiers quelques proses de cousin(e) lyriques en cette occasion…
je ne sais pas si mon 1er mail est parti et arrivé de façon lisible ? (je rappelle que je suis papier-gomme !!)
Philippe :à quelle adresse faut-il mieux t’envoyer des renseignements sur ma « branche Marcel » ?
bravo pour tout et je vais me plonger dans la lecture des 3 premiers bulletins !
à bientôt Catherine, fille de Marcel et Annie !