bulletin n°9 ** sept. 2011 ** fondateur : Philippe Moisand
Philippe Moisand
Cela fait maintenant deux ans que Gaëtan et moi-même avons pris l’initiative de lancer ce blog. Avec l’aide de certains d’entre vous et le support de tous manifesté par le nombre de visites, nous avons pu vous proposer une publication régulière et des articles intéressants, me semble-t-il. Mais nous avons bien conscience du fait que nous ne pourrons pas, à nous seuls, perpétuer indéfiniment la vie du Chardenois. Sans compter le fait que celui-ci reste « entre les mains » d’une seule branche familiale. Le temps est donc venu d’ouvrir la gestion du blog à d’autres.
Je ne sais pas si l’organe qui en sera chargé doit être un comité de rédaction ou un comité de lecture. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il devra réfléchir sur la ligne éditoriale d’ensemble, sur les sujets que nous souhaitons voir traités, sur le niveau de qualité que nous ambitionnons de retenir. Il lui faudra aussi identifier celles et ceux d’entre vous qui seraient susceptibles de nous apporter leurs contributions et les convaincre de le faire. Il devra enfin donner son avis sur les articles qui nous seront proposés. Toutes choses que nous avons faites à deux jusqu’à présent, mais de façon quelque peu empirique.
Nous en avons parlé à Marie-Hélène Froissart qui, dans un premier temps, accepte à l’occasion de collaborer à la rédaction d’articles divers et de contacter ceux ou celles de son entourage qui seraient à même de fournir des articles intéressants. Nous en avons aussi parlé à Daniel Moisand qui ne rejette pas, lui non plus, l’idée de collaborer un peu plus étroitement encore à la préparation des bulletins à venir. Nous voilà donc sur la bonne voie, mais pas encore au bout du chemin que nous nous sommes tracés. Peut-être avez-vous des idées sur le sujet, voire même la volonté de nous rejoindre. Elles seront les bienvenues, car sans cette ouverture que nous appelons de nos voeux, Le Chardenois risque de s’étioler au fil des ans, voire de disparaître faute de combattants. Ce serait tellement dommage!
Philippe Moisand
Nous avions ouvert notre premier numéro du Chardenois avec la très mauvaise nouvelle de la fermeture définitive de la faïencerie. Les mois qui suivirent furent encore plus tristes pour ceux qui ont connu l’usine en pleine activité : vandalisme répété, vente aux enchères de ce qui trainait encore dans l’usine, projets immobiliers incongrus, dégradation accélérée des bâtiments. Qu’allait donc devenir ce site chargé d’une longue et belle histoire ?
On pouvait craindre le pire. Et pourtant l’espoir renait de voir ces lieux reprendre vie tout doucement. Bien sûr, on est encore loin de retrouver ici le niveau d’activité et d’emplois qu’il connut à ses plus belles heures, et sans doute ne le reverrons-nous jamais. Mais un projet est né qui commence à prendre forme autour d’un concept de Parc Activités Céramiques de Longchamp, sous l’impulsion de Gérard Larché et Philippe Orliac.
Ces deux derniers sont désormais propriétaires de la plus grande partie des bâtiments qu’ils réhabilitent progressivement et mettent à la disposition des différentes activités regroupées sur le site. Celles-ci tourneront autour d’un centre de formation initiale et continue de la profession (Philippe Orliac), d’un magasin d’usine de la profession (Gérard Larché) et d’un atelier de conception et de fabrication de moules et modèles (Rémi Lacroix et Michel Poisson). Et cette liste n’est pas limitative, les dossiers de candidats potentiels étant actuellement en cours d’examen. Le lycée de la céramique de Longchamp est bien évidemment associé au projet.
Sur les quelques 13 000 m2 d’ateliers, beaucoup sont encore à l’abandon, mais il est plutôt réconfortant de voir par exemple l’ancienne forge transformée en locaux de formation continue, l’ancienne aire de stockage en atelier de fabrication de moules et modèles et l’ancien magasin de vente agrandi et reconfiguré pour accueillir le magasin d’usine. Ce dernier a pour ambition de distribuer sur l’ensemble du bassin Bourgogne-Franche Comté les produits des industries céramiques françaises. Il faudra à Gérard Larché bien de la persévérance pour convaincre les fabricants de lui confier une production qu’ils peuvent écouler par d’autres canaux. Quant à Philippe Orliac, il ne désespère pas de prolonger un jour son Unité technique céramique par le lancement d’une petite production.
Bref, il faut rendre hommage à ceux qui ont eu le courage de se lancer dans cette aventure et de considérer que le nom de Longchamp est encore associé, dans l’esprit de beaucoup, à la faïence et à la céramique. Puissent-ils réussir dans leur entreprise et prolonger, sous d’autres formes, les rêves de nos ancêtres. C’est tout le mal que nous leur souhaitons.
Les Moisand de Beauvais
Geneviève Moisand
Geneviève poursuit et termine ici son récit sur les Moisand de Beauvais. Après Antoine, le premier à quitter la Touraine de ses ancêtres (voir bulletin n° 6), puis Constant, qui sera, comme son père, imprimeur, mais surtout fondateur d’un journal qu’il dirigera jusqu’à sa mort, “Le Moniteur de l’Oise” (voir bulletin n° 7), voici Horace.
Il est le plus proche de nous : c’est en effet le père de Gaëtan (senior), le grand-père de nos tantes Marie-Thé et Mamie, l’arrière-grand-père des administrateurs du Chardenois, Philippe et Gaëtan (junior), de Daniel aussi, le mari de l’auteure de cet article, et de quelque 40 autres descendants. Et pourtant, jusqu’à présent, sa vie demeurait, à nos yeux, pleine d’ombres et de mystères. Il faut donc rendre grâce à Geneviève (et à Daniel, également, qui a participé aux recherches) pour l’immense travail accompli jusqu’à ces toutes dernières semaines, même si les zones d’ombre demeurent non négligeables.
Aucune photo d’Horace, ou portrait, n’accompagne l’article de Geneviève. Ce n’est pas le fruit du hasard, c’est tout simplement qu’il n’y en a pas ! Cette absence contribue à la part de mystère qui entourait notre ancêtre jusqu’à ce jour, un peu comme si on avait voulu l’”effacer” de la mémoire familiale.
3ème partie : Horace Moisand
La tentation du service de l’Etat : les années dans la préfectorale
Onze mois après le mariage de Constant et de Charlotte, le 11 octobre 1845, Antoine Daniel Horace naît à Beauvais, rue des Flageots, au domicile de ses parents. Une petite sœur, Juliette Clarisse Héloïse, suivra 6 ans et demi plus tard.
Cherchant à faire une carrière dans l’administration, il entreprend des études de droit et est tout d’abord, dans le cadre de ses études, attaché à la préfecture d’Indre et Loire. Puis, en 1868, alors qu’il termine sa dernière année de droit, il est avocat à Caen, attaché à la préfecture du Calvados. Il sollicite alors, courant 1869, un poste de secrétaire général d’une préfecture.
Les appréciations du Préfet du Calvados figurent dans son dossier (que l’on peut trouver aux archives nationales). Après un rappel sur la situation de son père dont le journal est « tout dévoué au gouvernement et lui rend des services », on peut y lire qu’Horace a un physique convenable, une taille au-dessus de la moyenne, une apparence très jeune (il n’a que 24 ans), et enfin une tenue et les manières d’un homme habitué à la bonne société et désireux d’y être bien vu. Il est précisé qu’il est d’un caractère doux, obligeant, sûr et dévoué et qu’il semble animé, comme son père, des « meilleurs sentiments politiques « .
Le Préfet souligne également qu’il a l’appui bienveillant d’hommes influents comme MM. le duc de Mouchy, député de l’Oise, et de Clermont-Tonnerre. En résumé, et malgré son peu de fortune, il donne un avis favorable à la possibilité de le faire entrer dans un Conseil de Préfecture, comme collaborateur d’un homme expérimenté, dès qu’il aura l’âge voulu.
Début 1870, ne voyant rien venir, et ce malgré la recommandation de décembre 1869 émanant du » palais des Tuileries » et signée de Mr de Corberan, ancien député et chambellan de l’Empereur, Constant se permet un courrier de rappel auprès de la direction du ministère de l’Intérieur et, compte-tenu sans doute de ses appuis influents, son fils se voit offrir un poste de conseiller de Préfecture de l’Ardèche. Il s’installe donc à Privas et prête serment le 28 mars 1870 avec ces mots : » Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur « .
Le « Canard enchaîné » n’existait pas à l’époque, mais les rivalités journalistiques ne sont pas nouvelles, et il y avait quand même des journaux d’opposition. L’un d’entre eux, » la Cloche « , sous la plume d’un certain Jules Dacier, fait paraître en mai 1870 un article dont le titre est éloquent : » La Loi Violée « . Le journal a en effet découvert qu’Horace n’avait pas encore l’âge requis pour être nommé à de telles fonctions. La loi de 1865 précise qu’il faut avoir 25 ans accomplis pour y prétendre, et Horace ne les aura que quelques mois plus tard.
Immédiatement, le Ministre écrit au Préfet de l’Ardèche en lui demandant d’inviter « confidentiellement » Horace à ne pas prendre part aux travaux du Conseil. Parallèlement il écrit à Constant qu’il ne peut maintenir Horace dans sa fonction, mais qu’il le prend comme employé de 4ème classe à l’administration centrale du Ministère de l’Intérieur avec un traitement annuel de 2100 frs. Et dès que son âge le permet, Horace est nommé conseiller de Préfecture dans le département des Basses-Alpes.
En 1871, Horace sollicite un poste de sous-préfet. Il est appuyé dans ce sens par un courrier très élogieux du comte de Clermont-Tonnerre qui invoque la santé de son protégé qui supporte mal » le dur climat de Digne qui ne lui permettra pas de conserver longtemps ses fonctions actuelles », et rappelle une fois encore le dévouement de Constant envers le gouvernement, terminant par cette phrase absolument sublime : « c’est un homme incapable de sacrifier son indépendance à un arrangement où l’ambition paternelle souscrirait à une réciprocité, mais c’est aussi un esprit loyal incapable de ne pas se montrer reconnaissant d’un bon procédé. Je ne fais qu’indiquer cette considération sans en exagérer l’importance, mais vous penserez, je crois avec moi, qu’elle n’est pas absolument à négliger.«
Jugé trop jeune encore peut-être, ou bien sans poste à pourvoir, le ministre le nomme cette fois conseiller de Préfecture de la Mayenne. Il prête serment devant le Préfet de la Mayenne le 17 novembre 1871 en ces termes : » Je jure de bien et fidèlement remplir mes fonction « , et s’installe à Laval.
Le retour aux sources familiales : le temps du journalisme
Fin 1871, le décès brutal de Constant va mettre rapidement fin à la carrière, sans doute prometteuse, d’Horace dans l’administration de l’Etat. Il occupe son poste quelques mois encore, tandis que le marquis Guy de Binos, futur époux de sa sœur, assure temporairement les fonctions de rédacteur en chef du Moniteur de l’Oise, mais, fin 1872, il écrit au Ministre pour lui demander sa mise en disponibilité provisoire pour prendre la direction administrative du journal dont sa mère est devenue la présidente et la propriétaire. (Il est à noter que le Préfet de la Mayenne qui transmet sa demande au ministère insiste pour qu’on introduise dorénavant au sein de son équipe composée de très jeunes gens, » un élément plus mûr et plus expérimenté « .)
Et, le 15 décembre 1872, le Moniteur de l’Oise paraît avec le premier article d’Horace. La tendance politique du journal affichera, comme du temps de Constant, un conservatisme prononcé.
Pourtant Horace ne paraît pas encore avoir renoncé à ses ambitions politiques puisqu’il réagit courtoisement mais fermement à un article du Journal officiel paru en février 1873 qui le donne démissionnaire alors qu’il ne se considère qu’en » disponibilité provisoire « .
L’été suivant, la sœur d’Horace épouse le marquis Guy de Binos, homme de lettres qui participera notamment au mouvement littéraire parnassien. En mai 1873, Horace convole à son tour en épousant Marie-Thérèse Queille âgée de 18 ans et fille d’un négociant et armateur qui a fait fortune au Chili. Le contrat, passé devant Me Dufour, notaire à Paris, stipule qu’il possède en toute propriété, héritée de son père, une maison à Voisinlieu dans la commune d’Allone près de Beauvais, et, en nue-propriété, la moitié indivise avec sa sœur, Mme de Binos, de la maison du 15 rue des Flageots à Beauvais, ainsi que d’une autre située rue Beauregard. Son traitement en tant que directeur du journal lui procure un revenu annuel de 6000 frs. En comptant les diverses obligations, actions et assurances, l’estimation totale de ses biens propres est évaluée à 53.000 Frs, et celle en nue-propriété à 26.600 Frs. En outre, sa mère lui constitue une dot d’une rente annuelle de 2500 frs et s’engage à associer son fils dans un an, s’il le désire, à l’exploitation du journal.
Marie-Thérèse est, quant à elle, ce qu’il est convenu d’appeler un beau parti. En effet, si Horace ne manque pas d’argent, il est surtout un homme en vue qui a beaucoup de relations. Elle apporte dans la corbeille de noces, outre ses bijoux, linges, dentelles, pour une valeur de 2000 frs, une dot en avancement d’hoirie composée d’un trousseau d’une valeur de 8000 frs et surtout la somme de 150.000 F en deniers comptant, le tout « livrable et payable le jour du mariage dont la cérémonie vaudra quittance « . Il est également stipulé qu’en cas de décès de Marie-Thérèse avant ses parents et sans enfant, la dot ainsi constituée reviendrait aux parents.
Le jeune ménage jouit donc d’une confortable position. Un an plus tard un petit Antoine, Horace Ludovic Constant naît dans la propriété d’Allone, (il ne vivra que deux ans) suivi de près par Henry Horace Constant Joseph (qui sera commissaire de police). Et enfin, en 1878, Horace est papa d’un troisième garçon, Constant Joseph Horace Gaëtan (les prénoms se suivent et… se ressemblent) lequel naît à Beauvais et qu’il n’est pas besoin de présenter ici.
Plusieurs années s’écoulent donc à Beauvais durant lesquelles Horace assume à la fois les fonctions de directeur-gérant et de rédacteur en chef du journal. En outre, il écrit bien sûr, moins que son père, mais il publie sous son nom : » Des conseils de préfecture « , » l’enfance abandonnée ou coupable « , le » guide pratique et indispensable du baigneur et du touriste dans le Tréport et ses environs « . Ses éditoriaux, la plupart du temps d’ordre politique, sont signés de son nom, mais il y ajoute régulièrement, sous le pseudonyme d’Henry Mesnival, une chronique où il commente des évènements de son temps plus variés, littéraires, mondains. Il utilise aussi le pseudonyme de Raoul d’Yseures.
Dans l’une de ses chroniques où il parle longuement des voyages en diligence, il relate un souvenir personnel lors d’un déplacement en Touraine avec son père alors qu’ils se trouvaient tous deux dans une auberge de Chateauroux. C’est un témoignage très amusant et très vivant qui éclaire d’un jour nouveau le tempérament et l’esprit de Constant dont nous savons par ailleurs peu de choses personnelles.
Toujours tenaillé par la politique, Horace se présente, en 1886, aux élections cantonales au Coudray dans la banlieue de Beauvais. Il est élu avec 51,58% des voix.
En octobre 1890, lors de la crise politique que traverse le Portugal, Horace se rend à Lisbonne à la demande du journal » le Gaulois « . Il rend compte de la situation dans un article qui sera reproduit dans les pages du Moniteur de l’Oise.
A compter du 1er janvier 1891, le journal qui paraissait jusque-là trois fois par semaine avec une édition supplémentaire littéraire le dimanche, devient un quotidien. Son prix est toujours de 10 centimes
Les zones d’ombre : les dernières années
Le 2 février 1894, un entrefilet en dernière page nous apprend que sa propriétaire, Charlotte, veuve de Constant, l’a vendu à Théodore Avonde et Henri Bachelier ainsi que les imprimerie et lithographie. Horace reste rédacteur en chef pendant encore trois mois puis, du jour au lendemain, son nom disparaît du journal. Malheureusement, il est impossible de connaître les modalités ni le rapport de cette transaction, les archives notariales de Beauvais étant parties en fumée au cours des bombardements de la seconde guerre mondiale. La maison d’Allone qui appartenait en propre à Horace, a probablement été vendue à peu près à la même époque, là également, nous en ignorons les conditions
Ce que l’on sait en revanche c’est que l’entente du couple qui s’installe à Paris, s’est dégradée considérablement. La rumeur familiale veut qu’Horace mène grand train et dilapide petit à petit la fortune de sa femme. C’est sans doute en grosse partie vrai bien que l’on ne cerne pas très bien dans quelles conditions (mauvaises affaires ou vie mondaine, peut-être les deux). Mais il est probable que sous l’influence d’un père toujours là et qui veille aux intérêts de sa fille, Marie-Thérèse, entame une procédure qui se termine par un jugement du Tribunal Civil du 16 avril 1894 entérinant la séparation des biens du couple. Pas de chance, le contenu de ce jugement a malheureusement aussi disparu des archives parisiennes !
A la suite de ces dispositions, Horace et Marie-Thérèse ne font plus résidence commune, mais cette séparation n’est pas officielle. En 1897 Horace habite l’immeuble de rapport de Marie-Thérèse 347 rue des Pyrénées dans le 20ème, Marie-Thérèse vit rue de Rennes où elle décèdera en 1909 alors qu’à cette période Horace demeure au 10 rue Cassette (pas très loin d’ailleurs de la rue de Rennes). Toutefois, sur les papiers officiels, comme l’acte de mariage de Gaëtan en 1908, quelques mois seulement avant la mort de sa mère, l’adresse officielle du couple est bien 150 rue de Rennes. Curieusement d’ailleurs, aucun des deux n’assiste à ce mariage. On peut penser que Marie-Thérèse est déjà très malade (de source familiale toujours, elle serait décédée d’un cancer de l’utérus) et qu’elle ne peut entreprendre le voyage à Longchamp. Il faut trouver une autre explication à l’absence d’Horace au mariage de son fils… que je laisse à l’imagination de chacun.
Nous ne savons donc rien des 15 dernières années de la vie d’Horace, ni documents, ni photo ; de ce fait, il devient un personnage un peu mythique dans la famille, entre légende et réalité probable.
Un autre mystère : Charlotte, sa mère, morte quelques mois avant son fils, ne laisse aucune succession. On peut imaginer qu’elle a partagé ses biens entre ses enfants au moment de la vente du journal, de l’imprimerie et de la maison de la rue des Flageots.
A la fin de sa vie, Horace est membre du Conseil d’administration de la Cie d’assurances La Ferme ; les jetons de présence semblent être sa seule ressource. Peut-être écrit-il encore quelques chroniques dans divers journaux, nous n’en avons aucune preuve.
Il meurt rue Cassette le 29 décembre 1911 à 66 ans. Sa succession, qui fait l’objet d’une demi-page, totalise à peine 4000 F à diviser par deux (en comparaison, Marie-Thérèse décédée à peine 3 ans plus tôt, léguait à chacun de ses fils la coquette somme de 88.694 F en ce compris l’immeuble de rapport de la rue des Pyrénées cité plus haut).
La vie les avait séparés, la mort les réunit. Horace a rejoint Marie-Thérèse dans le caveau familial des Queille au cimetière de Neuilly.
Appel à témoins (ou plutôt à descendants de témoins !) : toute personne ayant des informations (inédites), des documents (originaux) ou encore, sait-on jamais, des photos ou portraits (indiscutables) concernant HM serait grandement aimable d’en faire part aux administrateurs du Chardenois ou à Geneviève et Daniel, par mail ou par commentaire déposé sur le blog.
2ème partie : Robert Picault, de Vallauris à Longchamp, allers et retours
Cette 2ème partie a pour thème les premières rencontres entre Robert Picault et les Moisand. C’est Robert Picault lui-même qui raconte ces rencontres avec un regard extérieur qui permet de “nous” voir sous un angle qui ne nous est pas habituel. Son regard est bienveillant et chaleureux : Robert Picault est vite conquis par l’ambiance si particulière de Longchamp et aussi par le côté “merveilleusement huilé” de l’usine. Comme les Moisand seront de leur côté conquis par un homme, au parcours pourtant bien différent du leur, du moins en apparence, plein de charme et doté d’une délicieuse gentillesse à l’égard de tous. Ils le seront très vite aussi par ses très grandes qualités créatives.
Ce document précieux est extrait des mémoires que Robert Picault a écrits sur sa vie jusqu’à l’année 1966. Il nous a été communiqué par sa fille, Anne Aureillan, qui, dans le bulletin n° 7 de décembre 2010, nous a fait connaître son père avant qu’il ne vienne à Longchamp pour la première fois, en 1953.
Nous présentons ensuite un 2ème article retraçant les développements de la relation entre Robert Picault et les Moisand de 1953 à 1963.
En 1963, Robert Picault accepte la proposition de l’Aga Khan de créer une fabrique de carreaux de céramique en Sardaigne pour répondre aux besoins nés de la création par celui-ci d’un grand complexe immobilier et hôtelier dans cette île. Il y restera trois ans, s’éloignant ainsi provisoirement et de Vallauris et de Longchamp.
Mais revenons tout d’abord 10 ans plutôt au récit de Robert Picault : le titre n’est pas de lui, bien sûr, mais aurait pu l’être parce que la Reine qui l’accueille avec chaleur est au centre de son récit .
Robert Picault (1919-2000)
Un acheteur des Galeries Lafayette de Paris, Mr Drouin, était devenu un ami. A chaque fois qu’il venait à Vallauris nous l’emmenions manger une bouillabaisse au “Bastion” à Antibes. Lorsque je le voyais à Paris, il me traitait de la même façon. Notre chiffre d’affaires avec les Galeries Lafayette était important.
Un jour il me dit: “Pourquoi ne feriez-vous pas des modèles pour les Faïenceries de Longchamp, ils ont vraiment besoin d’un sang nouveau, seriez-vous d’accord ?” “Oui”, répondis-je, et il décrocha son téléphone. Le lendemain j’avais rendez-vous à Longchamp avec la grande patronne des Faïenceries, Madame Moisand, nommée affectueusement par les siens : la Reine.
La Reine me reçut à déjeuner à la “Villa”, maison de vingt ou trente pièces, qu’elle et feu son mari avaient construite trente ans auparavant pour abriter leurs huit enfants. La Reine était une charmante dame âgée, pleine de tonus, qui supervisait les collections de l’usine et créait même des modèles. Nous bavardâmes longtemps, puis elle décida de me faire visiter l’usine. Je fus frappé par l’ordre qui régnait. Tout me paraissait merveilleusement huilé. Je fis la connaissance d’Henri Moisand, le fils aîné de la Reine, qui était le directeur général de l’usine puis d’un autre fils, Robert qui était directeur technique. Je fus invité dans l’atelier de décoration où cinquante femmes opéraient sous la houlette de Madame Moisand à faire un petit essai sur des assiettes. Je fis rapidement des oiseaux, des poissons dans le plus pur style Picault, ce qui affola un peu les décoratrices. Puis nous parlâmes d’un contrat, de droits d’auteur et je fus invité à revenir dès que je le pourrais avec des idées nouvelles pour lancer de nouvelles lignes de faïence. Un séjour d’une semaine fut convenu et je rentrai à Vallauris avec une nouvelle casquette : créateur de modèles auprès des faïenceries de Longchamp.
Cette nouvelle future activité me réjouit beaucoup. J’avais pourtant du travail à la fabrique mais ce surcroit de travail ne me déplaisait pas. En effet à la fabrique je ne tournais plus comme à mes débuts, mais il fallait tout de même contrôler le travail des tourneurs et puis j’avais un gros travail de décoration. En effet, c’est moi qui décorais l’intérieur de tous les plats alors que mes décoratrices faisaient les bordures. Je faisais également les décors d’oiseaux et de poissons dans les assiettes. Je laissais aux décoratrices le soin de faire les décors floraux.
Quelques semaines plus tard, Robert Picault revient à Longchamp au volant de sa toute nouvelle voiture, un superbe cabriolet Peugeot 203 gris avec l’intérieur en cuir bleu.
J’ai beaucoup apprécié cette voiture. L’un de mes premiers grands déplacements avec celle-ci fut un voyage à Longchamp où je restai 5 ou 6 jours.
J’étais reçu à la Villa chez la Reine, et nous déjeunions en tête à tête dans la petite salle à manger, servis par les deux cuisinières qui nous préparaient des plats exquis. La Reine gourmande de détails me fit raconter ma vie, et me félicita de mon parcours. Elle aussi me relata des moments de sa jeunesse dorée, puis l’arrivée de ses huit enfants, puis la guerre de 1914 où, son mari étant parti se battre, elle fit tourner l’usine toute seule, enfin l’infirmité et la mort de son mari. C’était une femme de caractère. Elle vivait seule maintenant, mais très entourée par ses enfants. Un dimanche, nous avions déjeuné dans la “grande salle à manger”, nous étions vingt. La table était présidée par le curé du village qui avait un accent bourguignon à couper au couteau. Les fils et filles de la Reine (ils n’étaient pas tous là) flanqués de leurs épouses et époux avaient amené leurs enfants qui mangeaient dans le hall. C’était une joyeuse assistance qui divertissait beaucoup la Reine. L’après-midi l’une de ses filles se mettait au piano. Au début elle jouait Mozart, mais ensuite pressée par ses frères elle jouait des chansons à boire que tout le monde reprenait en chœur. Je baignais avec plaisir dans cette ambiance chaude et amicale.
A l’usine, j’avais un peu semé la révolution. J’avais créé des décors gravés sur des assiettes que l’on exécutait avec une pointe en acier emmanchée sur un bout de bois. Il y avait des séries de décors sur fond ocre rouge, d’autres sur fond vert. Les décors étaient des fleurs, ou des oiseaux. J’avais aussi appris aux filles de la décoration à se servir d’une poire à lavement terminée par un compte-goutte pour faire des décors en relief très rapides. Là aussi on trouvait des décors de fleurs, de poissons, d’oiseaux. A dix heures le matin, toute l’usine écoutait l’émission “travailler en musique” qui durait une demi-heure. Cette émission mettait beaucoup de bonne humeur dans les ateliers. Avec les fours tunnel, j’avais le plaisir de voir mes créations sortir du four au fur et à mesure.
Au bout d’une petite semaine je rentrai à Vallauris……
Les Faïenceries de Longchamp qui éditaient mes modèles étaient prêtes à me faire un dépôt à Vallauris pourvu que j’ouvre un magasin spécial pour les Éditions Picault. Je le réalisai, et en confiai la gestion à Monique (la maman d’Anne. NDLR). Monique s’acquittait fort bien de son rôle de vendeuse au dépôt Longchamp. Malheureusement le dépôt était situé tout en haut de la rue,et peu de gens s’aventurait jusque là. Pendant deux journées de suite, il n’y eu pas un chat au dépôt. Ce qui sapait le moral de Monique et le mien. Monique faisait pourtant de gros efforts de présentation (”Maman n’avait pas son pareil pour faire des tables extrêmement raffinées, elle avait des dons de décoratrice d’intérieur et d’artiste peintre, elle aussi » Note A.A.).
Les ventes du dépôt Longchamp étaient quasi nulles, il y avait une raison à cela : ce que nous vendions n’était pas du « Vallauris » et les rares acheteurs potentiels qui entraient dans le magasin repartaient sans acheter parce que “ce n’était pas fabriqué à Vallauris”. Nous dûmes admettre que la création de ce dépôt Longchamp avait été un fiasco complet. Je décidai de tout arrêter, et de ramener la marchandise à Longchamp, où je m’approvisionnais par ailleurs en biscuit pour les plats et les assiettes. Les pièces finirent ainsi leur existence au magasin d’usine de Longchamp.
La photo de titre représente un plat réalisé par Robert Picault pour Yvonne Guyot Moisand. Celle-ci l’a « ressorti » du fond d’une armoire lorsque Daniel, son fils, lui a fait la lecture de l’article sur RP dans le bulletin n° 7 du Chardenois de décembre 2010. Lorsque Daniel m’a envoyé la photo, la forme du plat, particulièrement réussie, aurait dû retenir durablement mon regard. Et pourtant celui-ci, instantanément, a glissé sur le motif décoratif. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour faire le lien entre le motif du plat et celui d’un des deux vases que j’avais présenté dans l’article « signé Ellen » (bulletin n° 3) et que l’on retrouve ci-dessus à côté du plat.
Quelle surprise : exactement le même motif !… Tante Yvonne a vu R. Picault « tourner » ce plat. C’était à l’ « usine » de Longchamp dans les années 50. Mais elle ne se souvient plus qui l’a décoré : RP a peut-être repris, en forme d’hommage, un motif cher à la Reine ou peut-être est-ce cette dernière elle-même qui a décoré ce plat ? Au fond, peu importe : ce plat est bien une œuvre commune, il aurait pu être signé Ellen/Picault. Il symbolise en tout cas parfaitement la « rencontre » de Robert Picault et des Moisand et la réussite durable de celle-ci.
Gaëtan Moisand
Vallauris, Longchamp, Casamène, allers et retours
Gaëtan Moisand,assisté d’Anne Aureillan et de Jacqueline Damongeot
Après les premières rencontres, la collaboration entre Robert Picault et Longchamp s’étoffera au fil des 10 années qui suivirent, tout en restant intermittente. Bien qu’ayant au départ peu de traces apparentes de cette période, les souvenirs et les documents provenant d’A. Aureillan et de J. Damongeot en complément des miens ont finalement permis de la recomposer aussi complètement et fidèlement que possible.
La première tentative de collaboration s’avéra donc délicate, comme le relate Robert Picault dans ses mémoires, mais il ne dit pas si la fermeture du dépôt de Vallauris entraina l’arrêt des Editions Picault. C’est peu probable, mais il faut bien admettre qu’il est rare de trouver des pièces de cette époque avec la double marque Editions Picault et Longchamp. C’est pourquoi la photo en tête de paragraphe est intéressante même si elle est malheureusement floue, parce qu’elle présente cette double marque. Cette pièce date bien des années 1950 : le logo de Longchamp à l’écusson de Bourgogne que l’on voit au dos de celle-ci date en effet de ces années-là, avant que ne soit créé (par Robert Picault lui-même !) le logo des chevaux au tout début des années 60.
Même si la création de décors ou de formes par R. Picault pour le compte de Longchamp est restée limitée dans les premières années de la collaboration, elle a bien existé dans le cadre ou non des Editions. Agée de 20 ans à peine, Jacqueline Damongeot, l’une des plus jeunes décoratrices de l’atelier de peinture de Longchamp à cette époque, se souvient des premières visites de Robert Picault. La première fois, la Reine le présenta comme étant un élève de Picasso. C’était un raccourci un peu rapide : comme on le sait (cf article d’A. Aureillan dans le bulletin n° 7), ils étaient voisins d’atelier à Vallauris, une estime réciproque les avaient rapprochés au point qu’ils étaient devenus amis. Au demeurant, le nom de Picasso n’éveilla pas outre mesure la curiosité des décoratrices de Longchamp : on vivait encore à cette date sans télévision et avec très peu de magazines illustrés.
Par contre, Robert Picault impressionna fortement l’atelier par sa prestance et son charme : Jacqueline se souvient avoir pensé, comme beaucoup d’autres décoratrices, qu’un acteur de cinéma entrait dans l’atelier !
Lors de la visite suivante, les décoratrices réalisèrent des essais sous l’impulsion de Robert Picault. Par exemple, on trempait une assiette dans un bain d’émail de couleur, on laissait sécher, on posait un poncif sur l’assiette, de fleur ou d’oiseau style Picault, puis avec une petite brosse, une pointe ou une gomme, on effaçait l’émail de façon à retrouver le blanc du biscuit aux emplacements prévus par le poncif. Puis, on trempait à nouveau la pièce dans un bain d’émail, incolore cette fois,avant de le repasser au four. Ce jour-là, Jacqueline fut désignée pour réaliser avec cette technique une tête de cerf. Autant, elle réussissait bien les fleurs et les oiseaux, autant le cerf devint un calvaire pour elle au point d’en pleurer et de ne plus vouloir revenir à l’usine l’après-midi. Heureusement, tout finit par s’arranger, Picault était un bon formateur et réussit rapidement à former les décoratrices de Longchamp à des techniques totalement nouvelles pour elles. Sa bonhommie et sa gentillesse y contribuèrent sans doute.
Une autre forme de collaboration fonctionna dans l’autre sens, de façon régulière : l’approvisionnement de l’atelier de Robert Picault en biscuit (pièce de céramique ayant subi une première cuisson avant d’être décorée et émaillée). L’usage du biscuit de Longchamp présentait un triple avantage : il entretenait une collaboration jugée fructueuse de part et d’autre, il donnait l’opportunité à Robert Picault de diversifier sa technique de production et de présenter un modèle d’assiette plus léger grâce à la technique de la presse, il permettait enfin de répondre à une demande allant croissant face à la montée du succès qu’il connaissait alors. Notons que l’usage du biscuit longchamp demeurait exclusif au modèle d’assiette. Toutes les autres pièces, dont la forme était spécifique, continuaient de nécessiter un tournage à la main.
La collaboration prit encore plus d’envergure lorsque R. Picault commença à participer au développement de l’activité “carreaux” de Casamène, laquelle allait devenir en quelques années l’activité unique de cette usine dépendante des Faïenceries de Longchamp, située aux portes de Besançon et dirigée à l’origine par Henri Joran (fils de Marcel Joran et de Juliette, la sœur aînée d’Hélène, donc le neveu de celle-ci) puis par Marcel Moisand.
R. Picault s’était intéressé à la fabrication et à la décoration de carreaux dès l’origine de son installation à Vallauris. Plusieurs documents l’attestent, comme les 1ères pages de son catalogue présentées ici. L’intérêt de Robert Picault pour les carreaux de céramique n’est pas étonnant. La Côte d’Azur de l’après-guerre n’attirait pas que de jeunes artistes en céramique, mais bien plus des personnes fortunées qui construisaient des villas luxueuses et cherchaient à les décorer richement. Entre autres,Jacques Couelle, architecte-décorateur de renom, qui connaissait Robert Picault, lui demanda régulièrement de réaliser des carreaux originaux pour les villas dont il était l’architecte. On retrouve, grâce au catalogue de l’époque toute l’inventivité de Robert Picault, qui développe sur les carreaux une décoration « faune-et-flore » typique de son talent : elle participe du même esprit que celui qui inspirait déjà la décoration de ses services de table sans qu’il y ait pour autant transfert pur et simple.
Mais revenons à Casamène : c’est sous l’impulsion de Marcel Moisand que l’usine de Casamène développa un département « carreaux ». Les premiers pas furent-ils antérieurs ou non à la venue de Robert Picault à Longchamp ? La réponse n’est pas certaine. Toujours est-il que Robert Picault fréquenta beaucoup Besançon à la fin des années 50 et au début des années 60 et contribua de façon déterminanteau développement du département carreaux, son apport étant certainement plus d’ordre décoratif que technique. Au début des années 60, la production de carreaux devint l’activité unique à Casamène, preuve de l’importance de son développement ; la fabrication de services de table devint alors le fait exclusif de l’usine de Longchamp.
Avant qu’il ne parte en Sardaigne (1963-1966), Robert Picault contribua de façon intensive à la conception des formes, décors et couleurs des carreaux de Casamène. Les petits carreaux de 5×5 peu usuels jusqu’alors connurent un grand succès. La mode était au mélange de carreaux unis et de carreaux décorés comme on peut le voir sur ces photos. Celles-ci représentent une table basse qui orne aujourd’hui encore le salon de la maison de Philippe et Géraldine Moisand à Belle-Ile, elle date de 1963.
R.Picault avait eu l’idée de ces tables basses décorées de carreaux de céramique à Vallauris au début des années 50, comme on le voit sur cette photo. Il la transmit à Casamène sans qu’il soit établi que leur fabrication ait dépassé l’occasionnel. Mais si la table de Belle-Ile comme quelques autres de la même époque n’ont pas été produites en masse, il n’en n’est pas de même des carreaux utilisés qui sont de la même veine que ceux vendus en quantités industrielles par Casamène pour la décoration des cuisines et salles de bains.
A 10 ans de distance, de Vallauris à Casamène, la décoration des carreaux a évolué : les animaux et les fleurs sont passés d’une représentation plutôt figurative (photo de gauche : extrait du catalogue RP/Vallauris) à une nouvelle représentation nettement plus dépouillée (photo de droite : carreaux de Longchamp/Casamène des années 1960). Mais on retrouve bien l’esprit et le style d’origine de Robert Picault.
Son départ pour la Sardaigne en 1963 au service de l’Aga Khan ne remit pas en cause le lien intense qui l’unissait désormais aux Faïenceries de Longchamp. Il est probable qu’il commença avant même son retour à discuter avec les Faïenceries des conditions futures de sa collaboration.
Mais n’anticipons pas sur le 3ème volet de notre série sur Robert Picault et les Moisand, que l’on pourra lire dans un prochain bulletin.
Pierre Duffour, ce héros méconnu
Sylvain Duret
Vous ne trouverez pas ce nom dans la liste des quelques 450 descendants et « pièces rapportées » soigneusement répertoriés par Geneviève et Daniel. Et pourtant, je ne suis pas loin de penser que Pierre Duffour qui, dans les dernières années de sa courte vie, avait été complètement adopté par la famille Moisand, aurait mérité d’y figurer. Sa gentillesse et sa bonne humeur avaient gagné l’estime et le cœur de tous et il n’était pas rare de le voir invité à Longchamp, surtout lorsqu’il faisait son service militaire à la base de Longvic. Pierre était le frère cadet de Jean et de Denise, lesquels se sont mariés dans les années trente respectivement à Yvonne et Robert Moisand.
Sa disparition brutale, à quelques jours de l’armistice de 1940, dans une mission sans véritable objet et sans aucun espoir, fut une douloureuse épreuve pour le clan Duffour et un véritable choc chez les Moisand. Mais petit à petit, la vie reprit son cours, la joie de la Libération fit oublier un peu les disparus et puis le temps fit son œuvre.
Il y a quelques années, cependant, Gaëtan Moisand rassembla photos et lettres manuscrites de Pierre, les compila et en fit un petit livre qu’il diffusa chez les Duffour/Moisand (branche 2) et les Moisand/Duffour (branche 4). Sylvain Duret (matricule 212 et ci-devant colonel de gendarmerie, pour quelque temps encore commandant du régiment de cavalerie de la Garde Républicaine) vient de reprendre le flambeau. Dans une lettre adressée à ses oncles et tantes, il leur fait part de son projet de commémoration des disparus du combat aérien de Gournay-sur Aronde et sollicite leur soutien.
Il nous a semblé que le thème de cette lettre dépassait de beaucoup le strict objectif du comptage des soutiens à son initiative et méritait une diffusion plus large dans Le Chardenois. Avec l’accord de son auteur, nous la reproduisons ci-après in extenso.
Ph. Moisand
Ainsi que vous le savez, j’ai retrouvé certains acteurs du drame familial qui s’est déroulé le 3 juin 1940 sur la commune de Gournay-sur-Aronde, dans l’Oise. A dire vrai, j’avais depuis longtemps dans la tête l’idée de me rendre sur place pour mettre la main sur quelques traces de ce combat aérien, ayant été bercé dans ma jeunesse par le récit héroïque de cet oncle inconnu, mort pour la France. A plusieurs reprises, j’avais effectivement questionné mon grand-père et je m’étais promis secrètement qu’un jour, moi-aussi, j’irais sur les lieux à la recherche de témoins oculaires ou de traces quelconques. Disposant précieusement de cette pale d’hélice toujours muette et ce morceau de fuselage encadré et décoré de la Croix de Guerre et de la médaille militaire, j’éprouvais le besoin de replacer ces « objets rituels » dans leur contexte, dans un nécessaire travail de mémoire.
C’est ainsi qu’entre deux visites de mes postes à cheval basés respectivement à Compiègne et à Senlis, je me suis rendu avec mon conducteur à Gournay-sur-Aronde, en ce matin brumeux du 12 janvier 2011. J’y ai rencontré le maire, ancien instituteur, qui m’a avoué n’avoir jamais entendu parler de ce combat aérien de la campagne de France. Il m’a seulement mis en contact avec un ancien du village, mais lui non plus, comble de malchance, n’était pas au courant alors qu’il se trouvait sur place aux premiers jours de juin 1940. Je ne me suis pas laissé abattre et j’ai, je l’avoue, usé de ma qualité de pandore pour interroger tous les anciens de cette commune de 600 âmes. Mission accomplie car très vite, en moins de deux heures, les langues se sont déliées et en début d’après-midi on m’emmenait sur les lieux où l’avion s’était écrasé, ainsi qu’au cimetière.
Je comptabilise donc aujourd’hui une poignée de témoins qui se souviennent parfaitement du combat et des obsèques qui ont suivi, le lendemain, dans cette belle église de Gournay. Leur audition a été très émouvante, voire surréaliste ! Cet épisode fut pour eux un moment fort de la guerre car ils avaient eu l’impression à l’époque, étant tous très jeunes vous l’imaginez, que l’avion en flammes allait s’écraser sur le village. Et puis ils ont été évacués le lendemain des obsèques, et donc ils s’en souviennent pardi ! Après la guerre, même si la carcasse avait été enlevée, ils retournaient fréquemment sur les lieux du drame pour se fabriquer des bagues avec les bouts de plastique jonchant le sol…
Que faire à présent ? Pour clore honorablement cette histoire et éviter qu’un jour la fameuse pale rapportée par mon grand-père à vélo jusqu’à Paris ne termine sa course dans une déchetterie, j’ai pour idée de faire réaliser une stèle à la mémoire de cet équipage mort en service aérien commandé. Trois raisons à cela :
- tout d’abord, présenter un hommage solennel à ce jeune oncle mort trop vite, comme bien d’autres au reste. Cette initiative permettra de conserver à jamais sa mémoire et celle de ses camarades aviateurs, et de la faire partager conjointement aux habitants dudit village ;
- ensuite, transmettre le flambeau aux jeunes générations en leur inculquant, par le maintien du souvenir, le sens du devoir, l’amour de la Patrie et le respect des valeurs, même si ces mots peuvent faire sourire dans une France en déclin ;
- enfin, même si je ne suis pas le mieux placé pour le dire, renforcer l’unité familiale autour d’un projet commun porteur d’espérance, autour de ce héros sacrificiel qui n’a pas hésité à prendre la place d’un autre, pourtant conscient de l’issue fatale.
Dans mon entreprise, je bénéficie des soutiens
- du maire du village, qui accepte de laisser une place pour édifier la stèle à côté du monument aux morts, stèle qui engerbera la pale de l’hélice ;
- des habitants interrogés, qui pour nombre d’entre eux ont lu le livre de Gaëtan ;
- des anciens combattants du village et leur association (UMRAC) ;
- de monsieur Michel Dufour (hasard de circonstance), président de « Picardie Mémoire » ;
- du Souvenir Français ;
- de Monsieur Patrick de Gmeline, historien militaire, lauréat de l’Académie française ;
- de l’association des villes marraines, soucieuse de préserver le lien armées-nation ;
- de l’Armée de l’Air, qui a fouillé dans ses archives pour retrouver le lieu exact et les circonstances du combat aérien. Elle fournirait un piquet d’honneur le jour de l’inauguration.
Il me reste donc l’essentiel, et c’est l’objet de cet écrit : obtenir le soutien familial, une approbation générale en quelque sorte afin que je ne me retrouve pas seul à la date considérée, n’étant à mon humble niveau qu’une courroie de transmission familiale. J’ai donc besoin de savoir si mes oncles et tantes, ainsi que les enfants de Tante Denise et d’Oncle Robert, approuvent ou désapprouvent franchement cette initiative qui, 71 ans plus tard, pourrait paraître saugrenue pour certains, ou qui ne susciterait qu’un intérêt poli. Je pense cependant qu’un pays qui n’a pas de mémoire est un pays qui n’a pas d’identité et qui n’a pas d’avenir.
Concrètement, en cas d’accord de votre part, nous pourrions nous retrouver le samedi 3 juin 2012 au matin à l’église de Gournay-sur-Aronde pour démarrer la journée par une messe à la mémoire de ces aviateurs et des défunts de nos familles. Ensuite, nous nous déplacerions sur la place du village pour inaugurer la plaque en présence du maire, des témoins et anciens combattants, d’un piquet d’honneur de la base aérienne de Creil assisté par deux trompettes de mon régiment. A l’issue, nous irions boire le verre de l’amitié dans la salle des fêtes avant de nous retrouver autour d’un déjeuner familial à connotation champêtre. Me restent à trouver les deux autres familles des camarades d’oncle Pierre, et j’ai bon espoir s’agissant du sous-lieutenant Sébastien Biger.
Auguste Comte écrivait joliment « que les morts gouvernent les vivants »… J’attends donc les réactions de chacun d’entre vous et vous assure de toute mon affection.
A Paris, le 25 février 2011.
Sylvain Duret.
Les « oncles et tantes, ainsi que les enfants de Tante Denise et d’Oncle Robert » ont tous apporté leur soutien à l’initiative de Sylvain Duret et décidé d’être présents le 3 juin 2012 à Gournay-sur-Aronde
Photo de titre : Pierre en vacances à Servoz, près de Chamonix, août 1933
Photo en tête de la lettre de SD : Pierre devant son Potez 63, base aérienne de Wez Thuisy près de Reims, avril 1940
Photo ci-dessus : Pierre, assis à droite, avec des membres de son escadrille, base aérienne de Moissy Cramayel près de Melun, 2 juin 1940, veille du combat fatal
Double fête chez les Martin
Eh oui, ils ont fait fort les Martin en ce début juillet ! Parvenir à célébrer dans le même long weekend le mariage de Louis (fils de Jean-Yves et Choupette) et Marie et les 80 ans de Mamie n’était pas une mince affaire. Pari réussi pour le plus grand bonheur de Mamie et de sa descendance. Pour la plus grande joie aussi des cousins et cousines de la génération de Jean-Yves conviés à représenter la famille élargie, et de tous les invités, bourguignons pour la plupart, comme il se doit. La rédaction du Chardenois avait dépêché sur place l’un de ses grands reporters qui n’a pas, lui non plus, boudé son plaisir.
Le mariage de Louis et Marie :
C’est donc le samedi 2 juillet qu’a été célébré le mariage dans la jolie église de Ramatuelle, un peu petite pour accueillir la foule des invités. Ambiance bon enfant, chacun étant heureux de se retrouver en famille ou entre amis, à peine perturbée par l’arrivée tardive du prêtre. Un livret de chants plutôt copieux concocté par les mariés et accompagné par les cordes de François Girard (qui avait déjà montré l’étendue de son talent lors de la cousinade).
La place du village était réquisitionnée pour le vin d’honneur qui suivait la cérémonie. A dire vrai, c’est plutôt la citronnade qui eut les faveurs de l’assistance en cette journée chaude et ensoleillée. Spectacle un peu incongru que toutes ces toilettes enchapeautées et ces costumes-cravates dans un village plus habitué, en cette saison, à voir déambuler des hordes de touristes court- vêtus.
Tout ce petit monde se retrouvait ensuite pour la réception sur la plage de Moorea où les mariés faisaient une apparition remarquée à bord d’un Zodiac dont Marie eut quelque peine à s’extraire. Il est vrai que sa tenue ne respectait pas à la lettre les prescriptions de l’Almanach du marin breton. On but un peu, beaucoup…et on papota beaucoup pendant le cocktail. On dégusta le loup de Méditerranée, délicieusement cuisiné et parfaitement servi. On écouta les discours des deux pères (Jean-Yves parfait dans un registre d’émotion contenue). On suivit avec amusement les petits sketches préparés par les frères, sœurs, amis et amies des jeunes mariés. Et puis l’on dansa, jusqu’au bout de la nuit pour les plus jeunes.
Le lendemain après midi, les deux mariés qui partaient prendre un repos bien mérité étaient toujours aussi frais et souriants.
Pour ceux d’entre vous qui ne le savent pas, Mamie est née un 4 juillet. C’est donc le lundi suivant qu’elle eut la surprise de retrouver chez elle, à l’Escalet, non seulement toute sa descendance, mais aussi une partie de la noce, venues la fêter. Car ses huit enfants et valeurs ajoutées, ses treize petits-enfants et pour certains leur valeur ajoutée avaient tout préparé dans le plus grand secret sous la douce baguette de Sylvie.
On a rebu, autour de la piscine cette fois, on s’est jeté (poliment) sur le buffet, on a dégusté religieusement quelques bouteilles de Gevrey apportées par Riquet et puis Mamie a soufflé ses quatre vingts bougies piquées dans les gâteaux que lui apportaient à la queue leu leu ses petits-enfants, avant de se couvrir le chef d’une coiffe de bonne soeur comme dans le film mémorable des Gendarmes de Saint-Tropez et d’exécuter quelques pas de danse dont elle a le secret.
Bien sûr, il y eut aussi l’incontournable séance de photos (Mamie et ses quatre enfants, Mamie et ses petits enfants…tous si charmants), les petits mots de Jean-Yves et de quelques autres à l’adresse de l’héroïne du jour et l’évocation de Charles Abel si attaché à ces lieux.
Un grand moment d’émotion et de bonheur tout simple.
voir, après le carnet de famille, « Pour l’anniversaire de Mamie » par Mylène Duffour Froissart
Double évènement chez les Girard-Leriche
Ines est née le 29 juin 2011. Du haut de ses 3 pommes et âgée de tout juste 10 jours, elle a marié ses parents, Pierre Girard-Garcia et Carine Leriche le 9 juillet 2011. Pierre est le fils de Bertrand Girard, lui-même fils de Nicole Bernard Girard, fille de Christiane Moisand Bernard (« maman douce »).
Naissance chez les Regnaud
Salomé est née le 28 mars 2011. Elle est la fille d’Etienne et de Charlotte REGNAUD. Etienne est le fils de Solange Bernard Regnaud et de Denis Regnaud, le petit-fils de Christiane Moisand Bernard (« maman douce ») et d’Olivier Bernard.
Naissance à Austin (Texas/USA )
Louis Benjamin Egéa est né le 1er juillet 2011 à Austin Tx Usa à 21h41 très précisément,…soit 3h41du matin du 2 juillet à l’heure française, jour du mariage de son aîné en prénom, Louis Martin.
Il est le fils de Julia Moisand Egéa et de Christian Egéa. Julia est la fille aînée de Christine Albert Moisand et de Dominique Moisand, la petite-fille de Paule Bernard Moisand et d’Henry Moisand.
Trois garçons côté Pruvost
Alban Chaignon est né le 17 mars 2011. Il est le 3ème enfant de Solène Petit Chaignon et de Frédéric Chaignon, le petit-fils de Christine Pruvost Petit et de Patrick Petit.
Paul Pruvost est né le 27 juin 2011. Il est le fils de Marie Desbrosses et de Gaëtan Pruvost, le petit-fils de Patrick Pruvost et d’Annie Gautheron.
Marius de Montauzan est né le 1er septembre 2011. Il est le fils de Clémence Pruvost de Montauzan et de Louis de Montauzan, le petit-fils de Jean-François Pruvost et de Stéphanie Outters Pruvost.
Tous trois sont les arrières-petits-fils de Marie-Thérèse Moisand Pruvost et de Jean-Marie Pruvost.
Marie-Hélène Duffour Froissart
Mamie ou Tante Mamie ou encore Anne-Marie… Moisand, Martin
Mamie de la Fontaine ; c’est ainsi que la désignait mon fils Sylvain qui l’anoblissait à juste titre
Retenons pour l’heure Mamie Martin.
Octogénaire ? Vous plaisantez ? Et cependant, si je calcule bien, ma mère Yvonne, sa grande sœur, aurait eu cent ans en avril dernier. Vingt ans les séparaient la grande et la petite… Mamie, la petite sœur de ma maman, par voie de conséquence ma tante.
Quand mon époux – Henri – explique à ses amis que nous allons passer quelques jours chez la tante de Marie-Hélène, on sent bien qu’ils ne comprennent pas ce que l’on veut leur dire : comment Henri peut-il avoir une tante alerte, capable d’accueillir ses vieux neveux, plus vieux qu’elle (pour Henri qui la devance de deux mois) et qu’allons-nous faire chez une vieille dame qui doit détester le bruit, les courants d’air et les horaires modifiés ?
Ils ne peuvent en effet pas deviner que chez Mamie, on rit, on parle, et beaucoup, et fort, on laisse les portes ouvertes, on arrive à toute heure du jour et de la nuit, on débarque à un ou deux ou dix… Cela n’a pas d’importance… On se nourrit de bourride ou de tartines d’aïoli, ou de coq au vin, ou de millet si le temps a manqué. Mais de toutes façons, on est accueilli à bras ouverts et même « remerciés d’être venus » (formule chère à la famille).
Ce n’est pas chez Mamie, à l’Escalet, que l’on est toujours attendu : c’est chez « Mamie et Charles ». Impossible de les séparer, omniprésence de Charles au coucher de soleil sur la mer, dans ses pins parasol, à l’heure de l’apéro, coiffé d’un vaste « sombrero », autour de la grande table carrelée qui occupe toute la terrasse.
Nous leur devons tant de moments quasi magiques, sur cette terre bénie du midi de la France qu’ils ont su personnaliser pour la partager.
Mais il y a aussi Dijon, berceau familial perpétué par Mamie, après avoir connu Fontaine, et le Boulevard de la Trémouille… Maillons d’une chaîne ininterrompue d’escales heureuses dont les plus âgés – et c’est bien mon cas – ont tous profité.
Il suffit de feuilleter mes albums de photos : toujours présents Charles et Mamie. Mamie et Charles… prêts au partage, prêts à la joie, présents aussi quand la souffrance atteint l’un ou l’autre de la famille. Elégants tous les deux, soignés jusqu’au bout des ongles, adaptables à toutes les situations, à tous les milieux rencontrés.
Depuis le décès de ma mère, mes enfants ont fait de Mamie leur grand-mère et ce, sans hésitation aucune. Elle se doit d’être là pour toutes les occasions ! Fiançailles, mariages, décès, remise de décorations, anniversaires. C’est ainsi qu’elle a connu récemment les salons de l’Elysée où Philippe Lucet recevait des mains du Président son insigne d’officier de la Légion d’Honneur, puis la caserne de la Garde Républicaine au moment de la prise de commandement de Sylvain. Jamais elle ne se fait prier. Jamais elle ne soupire devant l’effort provoqué par le déplacement. C’est ce qui me fait affirmer qu’elle n’est pas octogénaire. Elle est Mamie tout simplement, celle qui me faisait porter son dictionnaire Gafiot jusqu’au presbytère du père Foutelet à Longchamp, celle qui me faisait attendre sur les marches de la cure pendant qu’on lui inculquait quelques notions de latin, celle qui, au terme des grandes vacances, nous agenouillait sur les marches de l’escalier de la villa pour lui demander pardon de toutes les bêtises commises au cours de l’été, et qui, un beau jour, nous a déclaré qu’on ne l’appellerait plus désormais « Mamie » mais « Tante Mamie » tandis que Maire-Thé dénommée à l’époque « Tété » demandait modestement à devenir « Tante Tété ». J’avais peut-être dix ans. Nous avons obéi sans broncher ! Elle était encore celle avec laquelle nous cueillions des fleurs par brassées pour fleurir le reposoir pascal, celle qui imitait et imite encore les bonnes gens de notre village avec un accent bourguignon qui n’appartient qu’à elle seule, celle qui aujourd’hui conduit une « Méhari » décapotée et se coiffe d’une cornette de bonne sœur fabriquée par Laurence.
Mamie, je pourrais en raconter tant !
Tante Mamie ! Bon anniversaire de la part de tes neveux grands et petits. Nous t’assurons de notre très grande affection et te gratifions d’un superbe ban bourguignon :
La la, la la, la la la la lère,
La la la,
La la la,
La, la, la,…
3ème photo : « Tante Mamie » sur la droite est entourée de deux de ses « petits » neveux : Yves Moisand, le premier de la génération suivante, et Mylène, l’auteure de cet article, laquelle pleure son bouquet… volé par son cousin Yves ( mariage Denise et Robert 1937)
Le Père Foutelet dont parle Mylène dans son article n’est autre que ce curé qui assistait très régulièrement dans les années 40 et 50 au repas dominical dans la grande salle à manger de la Villa et qui avait frappé Robert Picault en raison de « son accent bourguignon à couper au couteau ». On est en droit de se demander si « Tante Mamie » n’ a pas mieux retenu des leçons du Père Foutelet l’accent du terroir plutôt que les déclinaisons latines…
Qui ne connaît l’histoire de Bernard Palissy ruiné, consacrant vingt ans de sa vie à découvrir le secret des émaux et brûlant son plancher pour y parvenir ? C’est en 1555, après une vingtaine d’années d’épreuves physiques et morales qu’il put couvrir ses poteries d’un bel émail jaspé.
Son beau texte sur l’apprentissage et l’expérience est inséré ici dans un décor floral des Faïenceries de Longchamp.
Bravo Sylvain et merci ; c’est une belle réussite due à ta ténacité, ta persévérance ta fidélité ; très sensible au devoir de mémoire, j’ai à maintes reprises remémoré avec mes oncles Maurice et Henri, frères de mon père (lui-même restait muet sur ce sujet, avec moi tout au moins, pudeur? profond chagrin? les deux je pense) les récits de leur mère, ma grand-mère, concernant le sacrifice de leur père mort au « champ d’honneur ». C’était l’autre guerre (la Grande dit-on !! ). Sensible à ta démarche, je note la date du 3 juin, célébration pour ton oncle Pierre, Nicole Girard
Merci à tous les rédacteurs pour ces contributions qui nourrissent les plus jeunes de fragments de leur Histoire… et tiennent à jour le carnet familial! Marie-Alexandra Coste