bulletin n° 12 ** décembre 2012 ** fondateur : Philippe Moisand
Philippe Moisand
Noël approche à grands pas et il est temps de renouer le fil un peu distendu de nos publications. Les vacances d’été sont passées par là, mais aussi le temps qu’il m’a fallu pour finaliser la première partie du portrait de Gaëtan, le dernier des Moisand de Beauvais. Tâche difficile s’il en est que de parler de quelqu’un qu’on a si peu connu, mais facilitée par la gentillesse de Marité qui a bien voulu me consacrer une longue après midi du 8 mai dernier pour me livrer les souvenirs qu’elle a gardés de son père.
Voici donc enfin cette livraison n° 12 où vous retrouverez bien sûr Gaëtan l’Ancien, et une analyse très fouillée de Gaëtan le Jeune sur le décor Callot et ses origines. En raison de son ampleur exceptionnelle et inattendue pour la plupart des participants, il m’a paru indispensable de revenir sur la commémoration de la mort de Pierre Duffour si bien organisée par Sylvain Duret. Enfin vous aurez la surprise d’apprendre avec Elisabeth Gresset que Longchamp a été choisi par la communauté bouddhiste locale pour y implanter « le jardin d’où jaillit le bonheur suprême ».
Même s’il est encore un peu tôt pour le faire, l’équipe de rédaction vous souhaite de belles fêtes de fin d’année et une bonne année 2013. Elle compte toujours sur vous pour lui faire parvenir vos propositions d’articles.
illustration du titre : gravure de Jacques Callot, joueur de guitare au visage masqué, série des Gobbi
Le dernier des Moisand de Beauvais : Gaëtan
Philippe Moisand
Dans les bulletins 6, 7 et 9, Geneviève Moisand nous avait fait découvrir les Moisand de Beauvais : Antoine, le 1er à quitter la Touraine de ses ancêtres et à s’installer à Beauvais comme imprimeur-libraire, Constant, le fondateur du Moniteur de l’Oise et Horace, qui, un temps, continuera l’œuvre de son père. Mais comme les Trois Mousquetaires, les Moisand de Beauvais étaient quatre en réalité : le quatrième, c’est Gaëtan, fils d’Horace, qui est né effectivement à Beauvais le 12 décembre 1878, même si, il faut bien le reconnaître, il passera le plus clair de sa vie ailleurs, à Paris d’abord puis à Longchamp.
Il fallait une certaine dose d’audace et sans doute d’inconscience aussi pour « s’attaquer » à ce personnage mythique qu’est Gaëtan. Avec l’aide précieuse de Marité Moisand/Pruvost, Philippe l’a fait ! Il nous livre ici un portrait, non pas à proprement parler historique, mais plutôt impressionniste, ou comme il l’écrit lui-même, pointilliste.
Le présent article sera suivi d’une 2ème partie à paraître dans le prochain bulletin.
Gaëtan le Jeune
( Photo de titre : Gaëtan en 1930)
Je le revois encore, en cet automne 1945, sur le seuil de la Villa, martelant le sol de cette canne qui ne le quitte plus depuis son accident hémiplégique de 1941. Après toutes ces années de souffrance et de guerre qui l’ont tenu éloigné de la capitale, il va enfin revoir ce cher Paris et il est visiblement si heureux qu’il manifeste son impatience d’y être déjà. Je ne me souviens ni de la voiture qui va l’emmener vers son dernier voyage, ni des passagers qui l’accompagnent. Je ne sais pas alors que je ne le reverrai pas vivant.
Cette image d’un grand père que je n’ai jamais connu que terriblement diminué par la maladie et les quelques autres qui restent gravées dans la mémoire d’un enfant de 5 ans, ce ne sont bien sûr pas celles que j’ai pu imaginer ensuite à l’évocation par ses propres enfants de la mémoire de leur père. Qui donc était réellement Gaëtan Moisand ? L’admiration que lui vouaient surtout ses quatre ainés n’était-elle pas le fruit d’une imagination débordante ou plus simplement la magnification, toute naturelle du cher disparu ?
Il est sans doute trop tard, aujourd’hui que la plupart des témoins ont disparu, pour espérer apporter une réponse complète à ces questions. Tout au moins reste-t-il possible, au travers de ses écrits et surtout des souvenirs que Marité Moisand/Pruvost a bien voulu me livrer, de tenter un portrait pointilliste du personnage. A vous de reconstituer les pièces manquantes du puzzle, en y incorporant, pour les plus âgés d’entre vous, vos souvenirs personnels et ce que vos parents ont pu vous transmettre, sans oublier bien sûr les souvenirs que Christiane Moisand/Bernard a évoqués dans son petit opuscule sur la saga des Moisand et des Charbonnier .
Pourquoi Hélène et pourquoi Longchamp ?
Commençons par le commencement. Comment Gaëtan, jeune et brillant avocat parisien, a-t-il été pris dans les filets d’Hélène Charbonnier, jeune et jolie petite bourguignonne, de quelques années sa cadette ? Christiane a donné sa version dans son ouvrage précité. Je m’interroge pourtant toujours sur le point de savoir ce qui a bien pu décider ce « fort beau garçon, réputé coureur de jupons et célibataire endurci » (dixit Christiane) à répondre aussi rapidement et positivement à ce projet de mariage clairement concocté par deux amies d’enfance, dont l’une était une relation de Caroline (la mère d’Hélène) et l’autre la tante du séducteur. A-t-il suffi d’un simple geste, de ce chignon négligemment dénoué par Hélène à la demande du prétendant, comme le suggère Christiane ? Lui seul aurait pu le dire, mais le fait est qu’ils vécurent (visiblement) heureux et eurent beaucoup d’enfants (c’est une certitude).
Pourquoi quelques années plus tard, cédant à l’appel au secours de sa belle mère, renonça-t-il à la brillante carrière d’avocat qui s’offrait à lui pour reprendre les rênes de la faïencerie avec son beau-frère Marcel Joran ? Faut-il y voir encore le rôle déterminant d’Hélène, son envie de quitter les mondanités parisiennes qui ne l’intéressent que modérément et son désir de retrouver son cher Longchamp, comme le suggère Christiane ? Sans doute, mais Marité avance également une autre raison qui pourrait bien avoir influé sur la décision. La vie devenait plus difficile pour les avocats pénalistes et, la famille s’agrandissant, il convenait d’assurer convenablement sa subsistance.
A vrai dire, dans sa lettre de démission du barreau adressée au Bâtonnier de Paris le 7 décembre 1912, Gaëtan invoque les deux raisons: « C’est avec chagrin que je me vois obligé de prendre cette détermination qu’exigent les intérêts de ma femme et l’avenir de mes enfants » En pareilles circonstances, il est bien rare de ne trouver qu’une explication à un un choix aussi important. Une chose est certaine en tout cas, c’est contre l’avis de sa mère Marie Thérèse et de toute la famille Queille, furieuse de sa décision, qu’il prit le chemin de la Bourgogne, faisant ainsi preuve d’une belle indépendance d’esprit.
(Photo en tête de § : extrait du Figaro du 13 Juillet 1908. Le mariage de Gaëtan et Hélène a eu lieu le 7 août, jour où l’on fête la Saint-Gaëtan, et non le 6 comme l’annonce le journal)
Assez curieusement, le premier thème que Marité a abordé lors de notre entretien est celui des amis de son père et de la constance de cette amitié qui n’a jamais faibli au fil du temps. Le cercle n’était pas très large, mais il était incontestablement de qualité. Il faut citer tout d’abord les deux compagnons du Secrétariat de la Conférence (12 jeunes avocats, élus par leurs pairs, à la suite d’un concours, pour être le « noyau dur » d’une défense d’urgence et d’une défense assistée dans les affaires pénales) , et en premier lieu celui qui devait devenir plus tard le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon. Les occasions de se voir étaient plutôt rares, mais le Cardinal n’oubliait jamais la famille de son cher Gaëtan, dont il bénissait tous les mariages. Il n’oubliait pas son rang non plus, lui qui, lors de leurs retrouvailles à Lourdes en 1936, dit à son ami : « tu vas quand même t’agenouiller devant moi ». Quant à Pierre Mercier, l’autre ami secrétaire, il eut plus souvent l’occasion de le retrouver, lui qui avait choisi la côte des vins si proche pour y dénicher sa maison de campagne. C’est Pierre Mercier qui prononcera un éloge funèbre remarqué lors des obsèques de Gaëtan.
Il faut aussi citer Monsieur Jacotin, dont il fit la connaissance pendant la Grande guerre et qui lui ouvrait régulièrement l’accès au mess des officiers quand il n’était lui-même que sous-officier. Parisien dans l’âme, élégant et fortuné, Monsieur Jacotin avait trouvé en Gaëtan son alter ego. Il devait fréquenter assidument le Chardenois pour avoir été choisi à deux reprises comme parrain de deux enfants de Gaëtan (Robert et Mamie).
Plus près de Gaëtan, les jésuites du collège Mont Roland de Dôle. Ils furent nombreux à venir à Longchamp partager le repas dominical et refaire le monde avec Gaëtan. Mais le plus proche était sans conteste le Père Klein, ancien père blanc, aumônier de la Faïencerie, ce qui leur permettait de se voir tous les jours pour le « coup du plateau » (un verre de vieux marc avalé cul sec après chaque repas).
(Photo en tête de § : de g. à dr., le père Klein, Marité Moisand, le cardinal Gerlier et Gaëtan. Lourdes 1936)
Il n’est pas étonnant de trouver au rang de ses amis les plus fidèles un cardinal, un ancien Père blanc et une belle brochette de pères jésuites. Gaëtan était profondément croyant et l’a montré aussi bien en paroles qu’en actes tout au long de sa vie.
Ses talents d’orateur, il les mit très tôt au service de l’Eglise en intégrant à 28 ans, alors qu’il était encore avocat, la Société des orateurs populaires. Sillonnant la région parisienne et plus largement l’Ile de France, il allait chaque dimanche porter la bonne parole dans les paroisses. Il faut relire le texte de la conférence qu’il fit le dimanche 17 mars 1912 à La Queue en Brie sur la Secte impie (la franc-maçonnerie). La loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat n’est pas loin et les cicatrices ouvertes pendant toute la période qui a précédé son adoption pas encore refermées. Cent ans après, on peut s’étonner de la violence du propos, mais il faut se replacer dans le contexte de l’époque. Comment un chrétien convaincu pouvait-il ne pas réagir à ce que disait alors un haut dignitaire d’une loge parisienne : « L’Eglise a longtemps retardé l’horloge du monde. Mais elle sera bientôt réduite au silence, car la franc-maçonnerie doit poursuivre la déchristianisation de la France en étendant sans cesse son influence morale et philosophique ».
Plus tard, c’est dans sa nouvelle région de Bourgogne qu’il reprendra son bâton de pèlerin, accompagnant l’évêque de Dijon et le célèbre Chanoine Kir dans tout le département de la Côte d’Or. On raconte que Gaëtan jouait alors le rôle du prêtre et le Chanoine celui de l’homme politique. Je serais bien tenté de le croire quand on sait la carrière politique du Chanoine pendant l’occupation et après la Libération.
Mais au-delà des mots de l’orateur, il y a aussi l’action du chef d’entreprise. Pour concilier son rôle de patron et ses convictions de chrétien, c’est vers Albert de Mun et Léon XIII qu’il se tourne. «Hier, avec de Mun, l’on se contentait d’être vraiment chrétien. Aujourd’hui, pour faire la nique aux socialistes, on est social. Nous, ici, nous continuons de dire: nous sommes chrétiens. Nos oeuvres portent toujours le sceau de l’Encyclique fameuse de Léon XIII sur la condition des ouvriers…Ici nous luttons contre la maladie par notre société de Secours mutuel, nous luttons contre le taudis par la création de nos cités ouvrières. Nous luttons contre le gaspillage par l’école ménagère qui enseigne aux jeunes filles l’économie domestique. Nous luttons contre l’ennui par les patronages, les jeux en commun, les comédies, le cinéma. Tout cela est bien, mais à ceux qui s’en contenteraient, je dirais : l’Eglise ne nous enseigne pas seulement de donner ; elle nous dit de nous donner ».
J’avais personnellement beaucoup apprécié le testament de Robert Charbonnier et les propos qu’il tenait sur le même thème. Je dois dire qu’en relisant ces mots extraits d’un discours prononcé à l’occasion de la réception de Monseigneur Petit de Julleville, évêque de Dijon, le 20 avril 1929, j’ai pu constater la permanence, entre le beau-père et son gendre, du sens de leurs responsabilités de patrons chrétiens, mais aussi mesurer toute la distance qui sépare les deux générations dans la conception qu’elles avaient de ce qu’on a plus tard qualifié de paternalisme. « L’idéal, pour un patron, est d’être aimé et craint » écrivait Robert dans son testament et il ajoutait : « Pour obtenir ce résultat, il faut, en dehors des qualités naturelles qui assurent à certains patrons ce double avantage, ne jamais taquiner, insulter, ni humilier l’ouvrier….Lorsque les ouvriers savent qu’ils ne seront pas abandonnés dans le malheur, dans les moments critiques, dans la maladie et la détresse morale, ils sont tout prêts d’appartenir corps et âme à celui qui les dirige ».
Tout récemment, un vieux Longchampois qui a connu les années d’après guerre me confiait : « Votre famille a été critiquée, mais elle n’a jamais été haïe. » Je l’ai reçu comme un beau compliment et me suis dit qu’on le devait sans doute à la perpétuation par Hélène et ses enfants de ces valeurs chrétiennes enracinées dans la culture de l’entreprise par son père et son mari.
(Photo en tête de § : Gaëtan avec deux pères jésuites. 1929)
lettre de démission de la profession d’avocat adressée
par Gaëtan au Bâtonnier de l’Ordre le 7 décembre 1912
(A suivre)
Gaëtan Moisand
A bien des égards, le décor Callot de la Faïencerie de Longchamp mérite qu’on s’y attarde.
C’est un décor qui a été suivi sur longue période : plus de 60 ans. Créé par Robert Charbonnier vers 1890, il a perduré en l’état, sans changement, du temps de Gaëtan Moisand pendant la première moitié du XXème siècle. Si bien que l’on peut posséder des pièces de ce service exactement semblables, dont certaines pourtant datent de la fin du XIXème siècle quand les autres datent des années 1910-1940 (à gauche sur la photo, la signature du XIXème et à dr . celle du XXème).
Le décor Callot met en scène 4 personnages : les 2 premiers brandissant une arme et les 2 autres jouant d’instruments de musique. Ils sont tous assez singuliers, les premiers dansent ou se contorsionnent de façon quelque peu grotesque tout en semblant menacer un adversaire imaginaire avec leur arme ; le joueur de violon est un nain difforme, vêtu de façon plutôt ridicule avec notamment son drôle de chapeau ; quant à l’autre instrumentiste, c’est … un âne !
Tout laisse penser en raison du nom du décor que ces 4 personnages sont inspirés de gravures de Jacques Callot, voire même en sont de fidèles copies. La réputation de ce dernier, dessinateur et graveur lorrain, né et mort à Nancy (1592-1635) a été immense de son vivant et après sa mort. Lors de son très long séjour en Italie, Callot adopte la technique de la gravure à l’eau-forte, d’un maniement beaucoup plus souple que la technique au burin, il lui apporte des innovations capitales qui lui permettent de graver avec précision et finesse dans des formats pourtant très réduits et de différencier les tons entre les plans pour traduire la profondeur. Grâce à cette technique et aux améliorations qu’il apporte, Jacques Callot peut donner de la vie et du mouvement à ses gravures. Une planche de Callot, bien que de taille extrêmement réduite (souvent de moins de 10 cm de largeur), montre une multitude de détails qui restent parfaitement lisibles, des personnages innombrables et en mouvement, des espaces profonds entre les premiers plans et de petites scènes vivantes et bien visibles en arrière-plan.
« L’infiniment grand dans l’infini petit », a-t’on dit à propos de Jacques Callot, qui a mis en scène beaucoup de thèmes fort différents, et parmi les plus connus les misères de la guerre (la fameuse et terrible Guerre de Trente Ans, sans doute la première où la population civile est autant impliquée bien malgré elle). Mais aussi des scènes religieuses et des séries de personnages burlesques, etc … De retour à Nancy, après Florence, Jacques Callot termine deux suites de ce genre de personnages, qui nous intéressent directement : les « Balli di Sfessania » et les « Gobbi ».
Deux des personnages du service de Longchamp, les gens en arme, sont directement tirés des « Balli di Sfessania ». A Florence où Jacques Callot séjourne de 1612 à 1622, s’épanouit la « commedia dell’arte » : Callot côtoie les troupes de théâtre, fixes et ambulantes, qui sont accueillies et soutenues par les Medicis, et c’est certainement en discutant avec les acteurs de telle ou telle troupe ou en voyant un spectacle de l’une d’entre elles qu’il dessine d’abord, avant de les graver, les personnages des Balli. Parmi ceux-ci, certains portent d’ailleurs des noms qui sont courants dans la commedia dell’arte. Grâce à Molière et quelques autres, ces personnages (ceux de Callot et ceux de la commedia dell’arte) sont parvenus jusqu’à nous, comme Scapin, Scaramouche ou encore Polichinelle.
Les Balli di Sfessania sont des danses napolitaines qui puisent leur source à Malte et qui sont d’origine guerrière, évoquant probablement les combats des chrétiens contre les « mores » (d’où les costumes et les armes de certains personnages), mais à Naples, elles ont été contaminées par d’autres danses, à caractère obscène ou érotique.
Les planches des Balli sont au nombre de 24, chacune d’entre elles comportant 2 danseurs dans des postures généralement grotesques et souvent obscènes.
Certaines scènes, notamment celles où apparait une figure féminine, sont plutôt « calmes »,…
… mais la plupart sont viriles, les postures des personnages sont agressives et pour certaines obscènes : le thème de la violence et de l’agressivité de la nature humaine est récurrent chez Jacques Callot.
La gravure représentant Franca Trippa et Fratellino n’est pas obscène, comme beaucoup d’autres : un homme en arme et un joueur de musique dansent face à face, tous deux portant de grands chapeaux aux plumes démesurées Les scènes en arrière-plan ont été improvisées au moment où Callot a gravé puisqu’elles n’apparaissent pas sur le dessin préparatoire, présenté ici à gauche de la gravure. Elles sont pleines de petits détails vivants et bien visibles grâce aux innovations techniques apportées par Callot et déjà mentionnées.
Franca Trippa est l’un des personnages du décor Callot de Longchamp, fidèlement copié (comme on le voit sur cette photo-montage comparative) du temps de Robert Charbonnier par son chef-décorateur, à ceci près que celui-ci lui a donné des couleurs, inexistantes bien évidemment chez Callot.
Contrairement à Franca Trippa et Fritellino, Scaramuccia et Fricasso se tournent le dos, les 2 gravures demeurent cependant d’esprit assez voisin.
Scaramuccia (Scaramouche) est le 2ème personnage du décor Callot, lui aussi fidèlement copié de la gravure de Jacques Callot. Fidèlement !? Pas tout à fait cette fois, comme on peut le constater sur la photo-montage comparative : le décorateur de Longchamp a enlevé le masque du visage de Scaramouche, mais a surtout gommé pudiquement ce que Callot dévoile délibérément ! Il lui a par ailleurs donné des couleurs identiques à celles de Franca Trippa.
Le « mystère » est ainsi percé sur les 2 personnages en arme du décor Callot. Mais qu’en est-il des 2 musiciens, le nain et l’âne ? Aucun autre personnage des « Balli » ne correspond de près ou de loin à ces deux-là. Jacques Callot, toutefois, a réalisé une autre suite de personnages grotesques, les « Gobbi » : ceux-ci sont le plus souvent des nains difformes, certains sont estropiés, d’autres en arme et d’autres encore jouent des instruments de musique.
Un nain !?… Joueur d’un instrument de musique !? .. N’y aurait-il pas là une correspondance évidente entre le « Gobbo » joueur de violon de Callot et le nain lui aussi joueur de violon du décor de Longchamp ?
La comparaison n’est pas totalement concluante lorsqu’on regarde le photo-montage ci-contre. Peut-être pourrait-on parler de l’influence de Jacques Callot sur le créateur du décor de Longchamp, mais comme ce dernier a clairement copié ses gens en arme chez Callot, pourquoi n’en aurait-il pas fait de même pour ses musiciens ?
Et l’âne, qui plus est ? On n’en trouve aucune trace chez Callot qui puisse faire penser un instant que le décorateur de Longchamp a trouvé l’original ou même la simple inspiration chez le célèbre graveur.
Il faut bien se ranger à l’évidence. Si deux des personnages du service de Longchamp sont directement issus des gravures de Callot, les deux autres ne se retrouvent nulle part chez le graveur lorrain.
Alors, où trouver la trace de ces deux personnages, le nain joueur de violon et l’âne jouant du luth ?
Et pourquoi le décorateur de Longchamp les a-t’il unis à Franca Trippa et à Scaramuccia dans un seul et même décor dénommé le ″Callot″?
C’est ce que nous tenterons de découvrir dans le prochain bulletin….
A la mémoire de Pierre Duffour et de ses deux camarades
Philippe Moisand et des extraits des discours de Sylvain Duret et de François Duffour
Journée maussade que ce 3 juin 2012 à Gournay sur Aronde. Le ciel est bas, les nuages s’amoncellent sur le Vexin, le vent fouette les visages. Mais rien ne fera renoncer tous ceux, très nombreux, qui ont répondu à l’appel de Sylvain Duret pour commémorer la mémoire des trois aviateurs français abattus à deux pas d’ici, il y a tout juste 72 ans.
Sylvain nous avait annoncé une célébration modeste, avec quelques musiciens de la garde républicaine et un petit détachement de la base aérienne voisine. Quelle ne fut pas notre surprise de constater la mobilisation de la population de Gournay, de la musique de la garde républicaine au grand complet, des associations d’anciens combattants et des édiles locaux, maire de Gournay, président du Conseil général et sénateur en tête. Il est heureux que les branches 2 (Duffour/Moisand) et 4 (Moisand/Duffour), plus particulièrement concernées par l’évènement aient répondu présentes, en signe de remerciement.
C’est par une messe, célébrée par l’aumonier de la garde républicaine dans la belle église de Gournay, que commence la journée. Vingt deux associations d’anciens combattants sont représentées, chacune avec son drapeau. La musique de la garde fait sonner les cuivres. La population de Gournay est là, plus particulièrement quelques anciens avec qui nous avons la chance d’évoquer ce qu’ils ont vécu ce 3 juin 1940. C’est ensuite l’inauguration de la stèle à la mémoire des trois disparus. C’est enfin le vin d’honneur offert par la municipalité et les discours d’usage.
Parmi ceux-ci, j’ai choisi de retenir certains passages de ce que nous ont dit, chacun avec ses mots, mais tous deux avec beaucoup de talent et une grande émotion, Sylvain Duret et François Duffour :
Sergent Pierre Duffour : vous aviez 25 ans, mon oncle, et vous êtes parti en pleine jeunesse, emportant avec vous les promesses d’une vie heureuse. Vous étiez le seul réserviste de l’équipage, occupant le poste de radio mitrailleur, tournant ainsi le dos à vos compagnons de bord pour défendre l’avion par l’arrière. Relevant de l’escadrille 1/16, volontaire pour toutes les missions périlleuses, vous l’avez encore été pour ce dernier vol dans une autre escadrille, avec un autre équipage. Et ce au mépris total du danger qui vous guettait.
« Honneur et Patrie ». Vous connaissiez mieux que quiconque le sens de ces deux mots inscrits sur les plis de nos drapeaux. Vous les avez fait vivre. Puisse-t-il encore et encore se trouver de jeunes Français qui vous ressemblent pour que les générations futures comprennent à jamais leur signification.
(extrait du discours de Sylvain)
Je pense à elle (Marguerite Duffour, mère de Pierre) et à toutes ces mères de combattants, meurtries par la perte d’un fils et leur adresse symboliquement ces mots d’apaisement et d’espoir empruntés à Fabien du Vol de nuit d’Antoine de Saint Exupéry, des mots que Pierre et ses compagnons d’infortune auraient pu prononcer ce 3 juin 40, alors que le feu faisait rage pour les anéantir, et qu’ils imaginaient déjà « l’après », leur « après », en regardant cette belle campagne picarde défiler une dernière fois sous leurs pieds: « Peu à peu monteront vers le jour les sillons gras, les bois mouillés, les luzernes fraîches. Mais parmi les collines maintenant inoffensives, et les prairies, dans la sagesse du monde, trois enfants sembleront dormir et quelque chose aura coulé du monde visible dans l’autre. »
(extrait du discours de François)
Chacun avec ses mots disais-je. C’est aussi avec les siens, mais pour nous dire au fond la même chose, qu’un ancien combattant nous disait pendant le vin d’honneur :
« Dites bien à vos enfants et petits enfants que la guerre, ça existe encore sur cette terre ».
Ci-dessous un résumé de 7 mn des vidéos prises ce jour-là :
http://www.dailymotion.com/video/xv7050
Karma Dedjung Ling, un centre bouddhiste tibétain à Longchamp !
Elisabeth Moisand Gresset
Le nom du Centre, Karma Dedjung Ling, signifie : “le jardin de l’activité d’où jaillit le bonheur suprême”. Il est animé par un jeune lama âgé de 42 ans, Kunsang, né au Tibet, réfugié en Inde dès son plus jeune âge, arrivé en France à 14 ans après avoir séjourné dans un monastère du Nord de l’Inde. Il a fait ses études à Dijon et a acquis la nationalité française.
Pour devenir lama, il a récemment accompli la retraite de 3 ans, 3 mois, 3 jours au Népal dans la lignée KARMA KAGYU.
En Occident, les centres bouddhistes sont ouverts à tous, que l’on soit bouddhiste ou non, pour y pratiquer la méditation et pour y recevoir des enseignements philosophiques : discipline personnelle, générosité, patience, diligence, persévérance, sagesse, etc…
Pourquoi avoir choisi Longchamp ? Parce que la présidente de l’association, Madame Yannick Georgel, qui a parrainé le lama en Inde, puis l’a fait venir en France, venait fréquemment consulter le docteur de Longchamp et un jour, elle a trouvé une maison à acheter en bordure de forêt, lieu propice à la méditation.
Ce centre a été inauguré le 30 Juin dernier en présence de personnalités telles que le sénateur Alain Houpert, membre de la Commission pour le Tibet au Sénat, les maires de Longchamp, Chambeire et Izeure, la représentante de la paroisse -Jacqueline Damongeot -, les Longchampois qui avaient bien voulu répondre à l’invitation du lama, des amis tibétains venus de Suisse et de Paris.
Je souhaite la bienvenue et une longue vie à Longchamp à la communauté bouddhiste, qui, loin de faire de l’ombre à notre paroisse, contribuera très certainement aussi à l’évolution spirituelle de notre village.
Pour en savoir plus : http://www.bouddhisme21.com/
»La branche 5 (André) relève un peu la tête »
C’est du moins ce que nous écrit son représentant, Daniel Moisand, fier de nous annoncer 3 naissances :
Léa est née le 16 juillet 2012, elle est la fille de Rémi Bondoin (matricule 521 dans la généalogie Moisand) et de Florence , la petite fille de Claude Bondoin et de Marie-José Moisand Bondoin. (photo : Léa et son arrière-grand-mère Yvonne)
Lilou est née le 6 novembre 2012, elle est la fille de Chloé Grégoire (matricule 543) et de Denis Brossard, la petite fille d’Alain Grégoire et de Mandarine Moisand Grégoire.
Jâd est né le 11 novembre 2012, il est le fils de Yunaï (Cyril) Grégoire (matricule 542) et de Marie-Julie, le petit-fils d’Alain Grégoire et de Mandarine Moisand Grégoire. (photo : Jâd et son frère Tiwen)
Tous trois, Léa, Lilou et Jâd, sont les arrière-petits-enfants d’André Moisand et d’Yvonne Guyot Moisand.
Côté Marcel (branche 6)
Samuel est né le 28 avril 2012 à Dijon, il est le fils de Marie-Paul Moisand (matricule 613) et de Sébastien Grava, le petit-fils de Jacques Moisand, l’arrière-petit-fils de Marcel Moisand et d’Annie Guyot Moisand
Autre arrière-petit-fils de Marcel et d’Annie, Maël est né le 11 juin 2012, il est le fils de Clément Thomas (matricule 634) et d’Alix Blavier, le petit-fils de Catherine Moisand Thomas.
Un petit mot de Lolo…( branche 8 )
(alias Laurence, petite dernière de Charles Abel et Mamie MARTIN, pour ceux qui ne la connaitraient pas ! ou encore matricule 84, pour ceux qui préfèrent les chiffres)
“ Coucou à tous,
Ma fille Marjolaine, plus communément surnommée Margotte, est partie il y a 7 ans faire ses études à Bruxelles. Un beau gosse – Belge de surcroit ! – a vite été repéré … et puis,
Nos tourtereaux ont donc convolé en juste noces après quelques années tests…
Le mariage s’est tenu dans l’intimité familiale.
Par contre, les amis, pour la plupart venus de Belgique, étaient nombreux à les entourer… Nous avons passé quelques jours magiques ou j’ai pu découvrir un peu la vie que mène ma fille dans cette lointaine contrée.
Après un passage en Mairie de Dijon, une Cérémonie laïque était organisée… beaucoup d’amour, d’amitié, de complicités… Benja et Margotte clôturaient la cérémonie, lui par une magnifique déclaration d’amour, et elle, par une chanson … Bien que le public ne soit pas Moisand, les larmes se sont invitées… Les mariés étaient radieux…et tout le monde « chialait » !!!
Je tenais à vous faire part de cet instant de bonheur !!!!
Ma fille était absolument magnifique… son mari aussi !!!
Ceux qui lisent ce petit mot et qui me connaissent bien imagineront facilement ma frustration de ne pas avoir pu partager cet instant avec eux… Mais je suis heureuse d’avoir respecté le choix de mes tourtereaux…
J’ai pu à nouveau constater que la famille MARTIN est une famille formidable…”
Laurence
Les baptêmes d’Alexis et Gaëtan
vus et racontés par Marie-Hélène Duffour Froissart
Alexis et Gaëtan de Fombelle, les enfants de Florence et de Marc-Antoine (voir bulletin n°10 déc. 2011) ont été baptisés le 27 octobre dernier en l’église de Germigny-des-Prés, près de St-Benoît-sur-Loire, et accueillis joyeusement par famille et amis chez Marc-Antoine à Lintry. Le sacrement leur a été donné par le Père André Antoni de la communauté des assomptionnistes qui avait marié leurs parents quelques années auparavant.
Ce fut une journée bien préparée à tous niveaux, spirituellement et matériellement.
J’ai pour ma part brodé 60 petits sacs destinés aux dragées mais nous avons eu la joie de voir apparaître deux douzaines de bonbonnières décorées par ma belle-fille Christine à laquelle j’ai adressé ce superbe compliment :
« C’est presque aussi bien que du Longchamp ! »
Nous restons fidèles à nos traditions et je m’en félicite.
Florence avait tenu à ce que toute la décoration des sacs de dragées, des bonbonnières, des fleurs, des tables soit aux couleurs de la Colombie : jaunes et vertes.
Les enfants ont eu droit à une « piñata » dans l’après-midi. Jeu colombien qui les excite énormément. Il s’agit d’une espèce de grosse abeille en carton durci qui se balance au bout d’une corde descendant d’une branche d’arbre, mais actionnée par une main invisible qui la remonte ou la descend selon son humeur. Il faut, les yeux bandés, arriver a taper dans l’abeille assez fort pour la crever et hurler de joie en se ruant sur les bonbons qui s’en échappent.
C’est ainsi que, sous tous les cieux, on fête les baptêmes ! Souvenez-vous des dragées et même des pièces de monnaie lancées par poignées du haut des marches de l’église de Longchamp pour la joie des gamins qui se les disputaient en bas des marches.
Une belle cérémonie, deux magnifiques petits garçons de cinq et sept ans, en pantalons blancs et pulls bleu clair, entourés de nombreux petits amis auxquels le prêtre a expliqué chacun de ses gestes.
Inutile de vous préciser que j’ai été heureuse et que je me suis même surprise à penser à la manière de Siméon : « Maintenant que j’ai vu, Seigneur, Tu peux laisser ton serviteur s’en aller. »
Nous sommes en route pour un nouveau baptême. Henri est arrière grand-père d’un petit Achille qui a vu le jour le 14 novembre. Nous savourons notre chance de n’être ni inoccupés, ni seuls.
A tous bonne marche vers Noël.
Mylène